La Banque Publique d’Investissement (Bpifrance), créée à Paris en décembre 2012, finance les entreprises… Mais pas seulement en France. Nicolas Dufourcq, son directeur général, était en tournée aux Etats-Unis. Il entend renforcer sa présence sur place, pour aider les entreprises françaises à se développer ici.
Quel est le rôle de votre établissement, banque publique française, aux Etats-Unis ?
Les entrepreneurs français de Californie, de Boston, de New York, sont de potentiels clients pour Bpifrance. Nous sommes là pour les aider. Nous en avons déjà soutenus certains, et nous allons continuer à en aider de plus en plus, via des prêts, des avances remboursables, ou en entrant dans leur capital. Pour accentuer notre présence aux Etats-Unis, j’aimerais d’ailleurs que nous ouvrions un bureau ici.
Une banque financée par les contribuables français mais qui soutient l’économie américaine. Cela peut surprendre, non ?
Quand ces start-ups se développent aux Etats-Unis, elles vont très souvent créer de l’emploi en France. Beaucoup d’entre-elles évoluent vers des modèles mixtes : la recherche, la technologie, le développement restent en France – des domaines où les Français sont très bons. Mais pour se développer sur un marché américain ou mondial, il est incontournable de baser ses ventes et son marketing aux Etats-Unis. R&D en France, ventes aux USA, cotation au Nasdaq : c’est le modèle de réussite de Criteo, et bientôt, j’espère, d’autres entreprises, comme Talend, ou Bonitasoft.
Entre des entrepreneurs basés aux Etats-Unis et une banque publique française, n’y a t-il pas un choc de cultures ?
Non ! Je l’ai vu la semaine dernière lors de mon intervention au Consulat de New York devant une centaine d’entrepreneurs français du numérique basés aux Etats-Unis. Ils ne sont pas dans le rejet du modèle francais. Et puis, Bpifrance est une banque avec des valeurs californiennes. Optimisme, bon sens, et client-centrisme. Moi même, j’ai monté cinq entreprises, j’ai créé Wanadoo chez France Télecom. Nous ne sommes pas une banque bureaucratique. Nous sommes la ‘’Silicon Valley Bank’’ française !