Quatre ans et presque 200 représentations plus tard, la pièce du Bourgeois Gentilhomme mise en scène par Denis Podalydès, investit enfin les planches new yorkaises. La troupe s’illustrera sur la scène du Gerald W.Lynch Theater, à l’occasion du Lincoln Center Festival, du 20 au 24 juillet. Le spectacle est en français, sur-titré en anglais.
« Un an qu’on attend de venir jouer ici ! », s’enthousiasme Pascal Reneric, l’interprète central de la pièce de Molière. Pensée par le sociétaire de la Comédie Française Denis Podalydès et produite par le Théâtre des Bouffes du Nord de Paris, la comédie-ballet met en scène 22 comédiens, chanteurs, danseurs et musiciens. Des partitions de Jean-Sebastien Lully aux costumes conçus par Christian Lacroix « himself », aucun élément n’a été négligé.
Pascal Reneric met depuis 2012 sa bouillonnante énergie au service d’un Monsieur Jourdain grotesque mais sympathique. « Dans notre société, on se moque trop souvent des naïfs, regrette-t-il. J’aimerais qu’en sortant de la représentation, les gens se disent que même en étant dupés, il est beau de continuer à croire à la beauté du monde ».
Après avoir incarné différents rôles dans plusieurs tragédies consécutives, le comédien a été surpris d’être retenu : « J’étais un peu le jeune premier mélancolique du cinéma même si j’ai toujours eu cette chose joyeuse en moi, se souvient-t-il. Denis m’avait vu jouer dans “Hamlet” où je hurle pendant trois heures mais c’est justement ce qui l’a convaincu: ma rage. » Et de la rage, il est vrai qu’en dépit des apparences, Mr Jourdain n’en manque pas : furieux contre lui d’avoir perdu du temps, contre ses parents de ne pas lui avoir enseigné la Science, contre sa femme aussi : « J’adore la scène III où il essaye désespérément de lui faire comprendre qu’il change de vie et mettra tout son argent à faire son éducation, s’amuse l’acteur. Elle, bourgeoise et pragmatique, se rend bien compte qu’il est dupé par tous ses maîtres. »
Si la version “Podalydès” du Bourgeois Gentilhomme triomphe depuis quatre ans, elle le doit à l’alchimie qu’a su créer le metteur en scène, spécialiste de Molière et amoureux d’Opéra autant que de toutes les autres formes artistiques. « Il y a un vrai plaisir de troupe, de jouer ensemble, se réjouit Pascal Rénéric. Le spectacle circule entre la scène et la salle comme s’il y avait une communion entre les deux ». La pièce dure trois heures et quart – avec entracte – mais pas d’inquiétude: le temps passe vite devant ce tableau de jeunes talents qui saura illuminer l’une de vos belles soirée d’été.