Co-fondée en 2012 par Adrien Menard, Stan Chauvin, Thomas Grange et Alexandre Boucherot (également co-fondateurs de la plateforme de financement participatif Ulule), la start-up française Botify, spécialisée dans le référencement naturel – aussi appelé SEO (search engine optimization) dans le jargon informatique –, a levé début septembre 55 millions de dollars dans le cadre d’un tour de table de série C. Cette somme vient s’ajouter aux quelque 27 millions déjà levés au cours des deux séries précédentes. Ventech et Idinvest Partners (désormais Eurazeo) figurent parmi les premiers fonds à avoir investi dans la société. Claire Houry, associée chez Ventech et membre du conseil d’administration de Botify, se souvient des premiers tours de table. « Ventech était à l’époque l’investisseur du média numérique Webedia. Leur équipe nous a fait rencontrer les co-fondateurs actuels de Botify, qui avaient développé au sein de l’agence Aposition un logiciel de recherche organique utilisé lors de prestations vendues à leurs clients. Début 2012, ils ont lancé Botify en tant que logiciel indépendant ». Séduits par cette tendance d’outillage marketing qui consiste à s’équiper en interne, les deux fonds investissent en 2016, en 2019, puis à nouveau en 2021.
Adrien Ménard, directeur général de Botify, rappelle que l’an dernier, plus de 47 milliards de dollars ont été dépensés en référencement, un outil qui constitue « une opportunité colossale pour les marques de communiquer. Plus de 60 000 requêtes sont effectuées sur les moteurs de recherches chaque seconde. » Un chiffre qui peut donner le vertige, mais « une entreprise qui n’apparaît pas dans les résultats d’un moteur de recherche n’existe pas sur internet », souligne-t-il. Botify propose donc d’améliorer la présence numérique de ses clients. « Nous avons trois produits », explique-t-il. « Botify Analytics donne aux équipes marketing de nos clients la capacité d’analyser leur performance en référencement dans le moteurs de recherche. Botify Intelligence utilise la science des données pour créer automatiquement des plans d’action, et permettre ainsi à nos clients de gagner en visibilité et de générer plus de revenus. Botify Activation – né pendant la pandémie de COVID-19, qui a été un énorme facteur d’accélération de notre développement – est une brique d’automatisation, qui joue le rôle d’interface entre les sites web et les moteurs de recherche. » Il s’agit donc d’« analyser, de déduire, puis d’implémenter une solution » afin d’optimiser le référencement et d’augmenter le trafic d’un site web.
Claire Houry se souvient avoir investi dans la série A « pour l’équipe et ses compétences. Botify avait déjà une traction et était en train de signer son premier client aux Etats-Unis : Ebay. Peu de start-up parviennent à craquer le marché américain, et il y avait indéniablement quelque chose de disruptif pour qu’une société américaine achète un logiciel à une jeune pousse française. » Depuis, d’autres grands noms sont venus s’ajouter à la liste : Expedia, Walmart, Macy’s, Target, L’Oréal, The New York Times, Groupon, Marriott, Conde Nast, Crate & Barrel, Fnac Darty, Vestiaire Collective…
Installée aux Etats-Unis depuis 2016, Botify y réalise la majorité de son chiffre d’affaires – « 60% », répète son directeur. L’entreprise compte aujourd’hui 200 employés, répartis dans sept bureaux : Paris, Londres, New York, Seattle, Singapour, Sydney et Tokyo. « L’objectif est de grandir vite », poursuit Adrien Ménard, qui espère bientôt travailler avec « une équipe de 500 personnes ». Claire Houry ajoute que « Ventech étant destiné à aider les entreprises à se developper à l’international, la série B a été réalisée en interne pour continuer à soutenir Botify dans son développement aux Etats-Unis, et la série C pour lui permettre de s’installer dans la région APAC (Asie-Pacifique), où elle peut aller chercher des parts de marché pour devenir un acteur global ». Adrien Ménard précise « y accompagner des clients européens et américains, mais aussi en signer de nouveaux sur place. »
Le reste des 55 millions levés servira d’autre part « à investir très fortement dans nos produits pour créer plus de valeur pour nos clients, notamment dans nos briques d’automatisation ; et à renforcer notre position auprès de notre écosystème de partenaires technologiques – Salesforce Commerce Cloud, Google Cloud, WordPress VIP et Microsoft Bing, pour n’en citer que quelques-uns. »