Et si les chirurgiens pouvaient s’entraîner la veille d’une opération délicate ? C’est le pari de Thomas Marchand et Sidarth Radjou, co-fondateurs de la startup Biomodex.
La jeune entreprise, fondée en 2015 à Paris et présente à Boston depuis plus d’un an, vient d’annoncer une levée de fonds de 15 millions de dollars menée par Idinvest Partners pour se développer aux Etats-Unis.
Le principe : la start-up conçoit et imprime des organes synthétiques. A l’origine dédiée aux apprentis chirurgiens pour remplacer les organes cadavériques utilisés en formation, l’entreprise s’est depuis attaquée au marché du « préopératoire patient-spécifique », explique Thomas Marchand, basé à Boston.
« C’est-à-dire que si Madame Martin doit subir une opération, on va imprimer son organe en 3D pour que le chirurgien puisse s’entraîner à l’avance », illustre l’entrepreneur.
« Ces organes artificiels permettent aux chirurgiens d’avoir de meilleurs résultats cliniques après l’opération, de mieux anticiper l’anatomie du patient, de choisir la bonne stratégie opératoire, ou par exemple le bon dispositif médical lorsqu’il faut implanter des prothèses en neurologie ou en cardiologie », poursuit Thomas Marchand. « Cela permet aussi de faire baisser l’exposition aux rayons X pendant l’opération », ajoute-t-il.
Grâce à cette nouvelle levée de fonds, la start-up de 35 salariés, dont trois à Boston, a pour objectif de passer à une cinquantaine de personnes d’ici la fin de l’année, dont une douzaine aux Etats-Unis.
En plus de grossir ses équipes cliniques « qui seront sur le terrain, qui feront des démonstrations et accompagneront les chirurgiens en bloc opératoire », précise le co-fondateur, Biomodex compte inaugurer une toute nouvelle usine de production à Boston cet été.
« Dans un contexte de planning pré-opératoire le temps est très important, souligne le chef d’entreprise. En produisant sur place, on peut livrer beaucoup plus rapidement les organes dans les hôpitaux. En général, notre délai est de cinq jours ouvrés. Notre objectif serait d’atteindre trois jours ouvrés en 2019 », poursuit-il.
Autre grand challenge de la jeune pousse : « Devenir une vraie société de dispositifs médicaux, avec tout ce que ça sous-entend au niveau réglementaire, pour être partie prenante du traitement du patient, précise Thomas Marchand. On anticipe les prochaines régulations des autorités de santé. Aujourd’hui, l’impression 3D est encore très jeune mais on sait qu’un jour, on aura besoin de certification ».