D’un geste théâtral, il a repoussé les feuilles de son discours. “Les discours tuent la créativité. Je vais parler franchement, en ami”, a commencé Nicolas Sarkozy devant le parterre d’étudiants de Columbia University et de VIP (dont Carla Bruni Sarkozy, Christine Lagarde, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz.). On ne saura donc jamais ce qu’il y avait dans le discours préparé -qui par ailleurs n’avait pas été distribué à la presse au préalable comme c’est généralement le cas- mais on sait en revanche que cette intervention ne marquera pas un nouveau tournant dans les relations franco-américaines. Pendant 40 minutes, le président français a évoqué, en vrac, les relations franco-américaines, l’économie de marché, la gouvernance mondiale, la réforme nécéssaire du Conseil de Sécurité des Nations Unies (“chaque partie du monde doit avoir deux ou trois représentants au Conseil de Sécurité”). A un moment, évoquant l’importance de l’Union européenne des 27 par rapport aux guerres qui ont déchiré l’Europe, Nicolas Sarkozy sort : “Entre les Italiens et les Français, ça a toujours bien fonctionné, hein Carla…
Obama et l’Amérique profonde
N’oubliant pas que le but de ce voyage est d’abord d’afficher sa proximité avec le président américain (qui le reçoit ce mardi à la Maison Blanche), le président français a multiplié les références au président américain. “Barack Obama me dit souvent: ‘tu sais, sur tel point, l’environnement, ou la régulation internationale, je suis en avance sur l’Amérique profonde” a-t-il expliqué. Pas sûr qu’on apprécie l’anecdote à la Maison Blanche, qui doit fréquemment se battre contre les accusations d’élitisme à l’égard de Barack Obama.
Il a fallu une question d’un étudiant consacrée à la réforme américaine du système de santé pour sortir la salle de sa torpeur. “Vous voulez m’amener dans la bagarre américaine, comme si je n’avais pas assez de la bagarre française…[Rires dans l’audience]. “D’abord, je veux féliciter le candidat Obama [d’avoir mené à bien sa réforme][…]Mais si vous voulez que je sois vraiment sincère, vu de l’Europe on a du mal à y croire[…] Nous, ça fait cinquante ans qu’on a résolu ce problème[…] Je ne veux pas trop m’immiscer mais en France on ne vous demandera pas votre carte de crédit avant d’être accepté à l’hôpital.” Il conclut : “Bienvenue dans le club des Etats qui ne laissent pas tomber les gens malades.”
A une question sur la réforme de l’Université, il a répondu qu’il souhaite s’inspirer de l’autonomie des universités américaines et qu’il en avait assez “des campus rétrécis”, “des bibliothèques fermées le dimanche”, “de la noblesse des établissements inversement proprotionnelle à l’état de délabrement”. “J’ai ouvert les fenêtres de l’Université”, dit-il évoquant les changements en cours en France.
Généralités
L’essayiste français Guy Sorman, présent dans la salle remarque à la sortie :“Il a parlé de principes extraordinairement généralistes. Sur les généralités, tout le monde est d’accord. Le malentendu entre la France et les Etats-Unis porte sur le rôle du dollar. Il y a également un très grand malentendu sur la régulation. Il n’a pas abordé les sujets compliqués. Il est resté dans les généralités qui ne fâchent personne.”
“Il a évité les sujets de controverses”, relève Sofia, une étudiante de Columbia University. “J’aurais aimé qu’il passe du temps sur la guerre en Irak et Afghanistan”. Le son de cloche est différent chez une autre étudiante en anthropologie à Columbia :“J’étais très impressionnée par son discours. J’ai trouvé qu’il était très amical envers les Américains. Ca va faire beaucoup pour l’opinion publique américaine.”
Laure Guilbault et Emmanuel Saint-Martin
0 Responses
A l’occasion de la visite du President Français , je voudrais signaler les liens entre la France et les Etats Unis et plus particulierement entre l’histoire Africaine Americaine avec un Grand H et l’histoire de France . Mon arriere grand père, le Général Mariano Goybet, a dirigé des troupes d’Africain Americains pendant la grande Guerre . Le film ‘The Red Hand Flag’ de la serie History detective pour lequel j’ai participé à la réalisation, parle de cet évenement majeur de l’histoire Africaine Americaine qui est en jonction avec l’histoire de France. Sur mon site ‘ http://goybet.e-monsite.com ‘ vous trouverez les éléments concernant le film et ce qui à trait à cette période de l’histoire mondiale ou les soldats quelque soit la couleur de leur peau, quelque soit leur origine, furent frêres d’armes pour notre liberté .
Henri Goybet
Petit fils de Mariano
Ou peut on ecouter ce discours sur l’internet. Est-il disponible pour download en mp3?
Merci
En France ou à l’étranger, à l’Elysée ou ailleurs, les discours de Sarkozy ne sont jamais distribués à la presse à l’avance, alors que c’est généralement l’usage, comme vous l’écrivez.
Je me suis toujours demandé pourquoi, dans la mesure où même si l’orateur improvise, la formule “seul le prononcé fait foi” est toujours inscrite sur les feuilles données aux journalistes. Manque de confiance de son staff? Peur qu’il extrapole légèrement par rapport à une vérité inscrite dans le discours? Ou qu’il dise de grosses bêtises?
Le discours n’est pas distribué… La belle affaire. Il est visible dans son intégralité sur le site de l’Elysée.
Quelle finesse….et quel humooouuur ! …je me demande s’il n’aurait pas dû lire ses notes.
Le président Sarkozy en donneur de leçon sur la sécurité social…Une protection sociale française Ubuesque, un gâchis énorme, des médecins immigrés sans reconnaissance qui pallient la pénurie due au numérus-clausus d’état…. Une dette sociale de 140 milliards d’euros ! Un déficit chaque année de 540 euros par habitant ! Du matériel dépassé et en sous nombre ! Un corps médical sous payé et sous équipé à bout de nerfs…Et une carte bancaire qu’on vous demandera aussi en France Mr Sarkozy si vous être trop riche pour la CMU et trop pauvre pour avoir une mutuelle !! Le système américain a des lacunes mais de là en tant que représentant de la France aller leur donner des leçons…. c’est honteux….
Etant present dans la salle en tant qu’etudiant, j’apprecie l’impartialite de cet article. En revanche, le rendement du discours chez les medias americaines, elle, est deplorable.
Voici un extrait d’un article de NBC, a tendance polemique, “Sarkozy scolded his American hosts about health care and for not paying enough attention to the rest of the world, the Associated Press reported. He said the fact that there should be any question about health coverage for the poorest of Americans is “something astonishing.”
France et Amérique, USA et France…je t’aime moi non plus… La visite du président français s’inscrit dans la longue liste des visites d’amitié et d’ambiguité. Qui peut imaginer que l’un puisse se passer de l’autre ? What else ?