Pour rappeler que le cinéma français “ne se réduit pas seulement à la Nouvelle Vague”, Bertrand Tavernier a fait un documentaire, “Voyage à travers le cinéma français” dans lequel il explore et décortique plus de 40 ans de septième art français.
De Jacques Becker à Jean-Luc Godard en passant par Jean Gabin ou les compositeurs Maurice Jaubert et Joseph Kosma, Bertrand Tavernier nous embarque dans une odyssée à la rencontre de son cinéma à lui. En salles à New York, Los Angeles et Miami, sa sortie est aussi accompagnée d’une rétrospective de l’œuvre du cinéaste au Quad Cinema de Manhattan.
“J’avais envie de faire un film sur le cinéma français depuis des années. Ce qui m’intimidait, c’était de trouver la bonne approche. Je ne suis pas historien ou critique de cinéma. Une approche chronologique professorale me déprimait”, raconte le réalisateur qui, inspiré des documentaires de Martin Scorsese (“Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain” et “Mon voyage en Italie”), livre ici une oeuvre subjective et très personnelle.
“Je me suis dit que la seule manière de m’en sortir, c’était que ce film ne devait pas être un film sur l’histoire du cinéma français, pas du tout, mais un film sur ma vision du cinéma français, les rapports que j’ai eus avec lui. […] Parce que c’est une approche plus humaine, je voulais parler de ce qui me frappe dans la mise en scène de certains ; en quoi je suis épaté par la manière dont Renoir utilise la caméra, par l’utilisation du 32 millimètres chez Carmet. Tout ça me paraissait excitant. C’était les réactions d’un metteur en scène et en même temps c’était pour moi l’opportunité de remercier des gens qui avaient changé ma vie”, explique-t-il.
En pleine psychothérapie cinématographique, Bertrand Tavernier raconte ses premiers chocs de cinéma, comme lorsqu’il découvre enfant, en cure dans un sanatorium, “Atout” de Jacques Becker qui le marquera au fer rouge. Comme une suite logique, de films en films, il revient aussi sur le parcours du jeune cinéaste qu’il était, de la fondation du ciné-club Nickel Odéon à son poste d’assistant de Jean-Pierre Melville. “Quand je débutais, beaucoup de choses avaient été faites avant moi. Le problème, c’est de ne pas trop l’ignorer et de ne pas copier, mais de se nourrir de la création qui nous a précédé. Comme tout artiste, dans n’importe quel domaine, on a intérêt de savoir ce qui a été fait avant nous”, explique le cinéaste.
Pendant plus de trois heures, images d’archives s’entremêlent avec des plans emblématiques du cinéma des années 1930 jusqu’à la fin des années 1970. “Tout le travail d’archiviste a été fait par Emmanuelle Sterpin, le reste c’est ma mémoire”, explique le réalisateur, qui planche actuellement sur une suite en plusieurs épisodes pour la télévision.
Avec une filmographie vertigineuse, des récompenses prestigieuses et plus de 50 ans de carrière, Bertrand Tavernier le concède: “J’ai réussi ce dont je rêvais. Quand je me suis dit à 13 ans que je voulais être metteur en scène, je ne savais pas à quel point ça pouvait être difficile, mais j’ai eu une vie formidable.”