Bernard Darty, 83 ans, co-fondateur de la grande enseigne française d’électroménager, vient de donner 500.000 dollars à Wounded Warrior Project, qui aide les vétérans américains blessés, et la même somme à l’American Red Cross afin de remercier les troupes américaines d’avoir sauvé sa vie durant la Seconde Guerre mondiale.
En juillet 1942 se déroule la rafle du Vél’ d’Hiv à Paris où plus de 13.000 Juifs sont arrêtés. Un terrible événement que Bernard Darty, né en France dans une famille juive polonaise, ne pourra jamais oublier. « J’avais alors sept ans et demi et j’ai pu y échapper grâce à mon père qui m’avait conduit chez ma tante mariée à un soldat français, se remémore-t-il avec émotion. Mais ma mère et l’un de mes frères n’ont pas été aussi chanceux. Ils ont été arrêtés avant d’être déportés au camp de concentration d’Auschwitz, dont seul mon frère est revenu vivant ».
Les minutes paraissent être des heures et les journées interminables aux yeux du Français qui, pendant près de deux ans, durant l’Occupation, est obligé de rester caché à Savigny-sur-Orge, en région parisienne. « J’ai vécu dans différentes familles, c’était une période extrêmement difficile, se souvient-il. Nous n’avions presque rien à manger et les hivers étaient très rudes. Je garde également en mémoire le bruit terrible des bombardements et les nombreuses nuits passées à la cave afin de se protéger ».
Le cauchemar touche à sa fin dès le mois de juin 1944. « Je me souviens parfaitement de l’arrivée des troupes américaines, souligne Bernard Darty. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait car nous avions perdu tout espoir de liberté, mais les camions défilaient dans les rues et les soldats agitaient des drapeaux tout en distribuant des bonbons aux enfants qui étaient affamés et fatigués par la guerre ».
Depuis, il avoue avoir longtemps éprouvé le sentiment d’être redevable. « Sans l’armée américaine, ma famille et moi n’existerions tout simplement pas. Je pense à cela chaque fois que je regarde les photos de mes petits-enfants », raconte Bernard Darty qui estime que trois quarts de siècle après, une tâche restait encore à accomplir dans sa vie. « Je ressentais comme une dette morale envers les Américains car je ne leur avais pas encore rendu tout ce qu’ils m’avaient apporté, et il n’est jamais trop tard pour donner ».
Son histoire avec les États-Unis ne s’arrêtera pas là puisque l’homme d’affaires et sa femme Paulette résident plusieurs mois par an dans un appartement acheté sur Fisher Island à Miami Beach. « Nous fuyons les hivers froids de la France depuis plus de 26 ans afin de venir profiter des journées ensoleillées de la Floride, indique celui qui s’apprête à fêter ses 60 ans de mariage. Nous sommes vraiment chanceux, car les Américains nous ont tout d’abord sauvés avant de bien vouloir nous accueillir, et cela je ne l’oublierai jamais ».