Pour Benjamin Walter, tout a vraiment commencé lorsque Pink Zone, son premier film, a été projeté fin mai dernier au sein du mythique Chinese Theatre d’Hollywood.
«Voir son film scruté par une salle quasi-pleine, c’est un formidable souvenir. Mais aussi un grand frisson d’angoisse !» raconte le jeune Versaillais de 26 ans, dont le film avait été sélectionné par le festival indépendant « Dances with Films », qui a lieu tous les ans à L.A.
Mêlant habilement les genres de la science-fiction et de la série B, Pink Zone raconte un monde où les femmes sont sur le point de disparaître. Un virus mortel pour la gente féminine, transmissible par un simple baiser, a déjà exterminé 80% d’entre elles. Seul un petit groupe d’adolescentes est parvenu à survivre. Le gouvernement américain va alors mettre en place une zone spéciale appelée « Pink Zone », censée les protéger.
«Le recours au film de genre peut être un moyen d’ouvrir en douceur un public qui n’est pas forcément tourné vers le cinéma indépendant, à de nouveaux thèmes ou de nouvelles idées. C’est une façon plus inclusive de faire du cinéma « indie ». Ce que font à la perfection les frères Cohen ou encore Steven Spielberg» explique Benjamin Walter qui avoue être aussi bien influencé par les block-busters hollywoodiens que les films d’Olivier Assayas ou des frères Dardenne.
« J’ai commencé à m’intéresser très jeune au cinéma. A Versailles, j’habitais juste en face d’un cinéma de quartier où je me ruais tous les mercredis après-midi, après l’école » se souvient-il. Diplômé de la Sorbonne et du Celsa, Benjamin Walter a abord été tenté par le journalisme, en tant que critique de cinéma. « Après avoir passé un an au service culture de France 24, j’ai réalisé que je voulais pleinement vivre ma passion : non pas parler de cinéma, mais en faire ! ».
Le jeune cinéphile se lance alors dans l’obtention d’un visa pour aller vivre son rêve à Los Angeles : il est admis en 2012 au sein du Directing Program de la prestigieuse université UCLA.
Premier film indépendant tourné à UCLA
«Pink Zone était à la base mon film de thèse et devait se résumer à un court métrage. Mais l’occasion de me lancer dans mon premier long-métrage était trop belle : le film a été réalisé en 12 jours avec un budget de 5000 dollars ! Après avoir beaucoup insisté auprès du campus de UCLA, j’ai obtenu l’autorisation de filmer à l’intérieur de l’université, une grande première pour un film indépendant ! Mais avec l’obligation de respecter les temps de tournage à la minute près». Des contraintes techniques et financières qui, au final, ont « boosté la créativité » du jeune réalisateur.
Le succès est au rendez-vous puisque que Pink Zone vient tout juste d’être doublement récompensé par l’Indie Fest de San Diego, qu’il a fait vendredi dernier l’ouverture du festival de Monrovia et qu’il est sélectionné au Razor Reel Fantastic Film Festival de Bruges en novembre prochain. En attendant d’obtenir son visa d’artiste, Benjamin Walter, infatigable, négocie actuellement avec plusieurs distributeurs la sortie en salle ou en V.O.D de Pink Zone. Et travaille déjà à l’écriture d’un nouveau script.