Si vous empruntez les routes secondaires, les farm roads, à l’est d’Austin, vous traverserez alors des prairies et pâturages verdoyants bien loin des clichés habituels sur le Texas. C’est là qu’est installée Belle Vie Farm, une ferme d’élevage de canards montée et exploitée par un couple franco-américain, Perrine et Aubrey Noelke. « On s’est installé ici en 2013 car on voulait tous les deux avoir une activité professionnelle d’extérieur », confie Perrine Noelke, originaire d’Abbeville en France. « Aubrey est originaire d’Austin, ce qui fait aussi qu’on a choisi la région. »
Mais la route vers le Texas n’a pas été toute droite pour ce couple d’aventuriers. Ils se sont rencontrés en 2007 alors qu’ils officiaient tous les deux sur un yacht en Méditerranée, elle en tant que chef privé, lui en tant que mécanicien. Véritable coup de foudre. Le couple décide de ne plus se séparer.
Après plusieurs périples à travers les océans, ils passent quatre ans dans les Caraïbes en tant que personnel de bord sur des voiliers loués à des touristes. Il est skipper. Elle s’occupe de la cuisine. « On est devenu une bonne équipe à force de travailler ensemble pendant si longtemps. »
Mais l’idée de s’installer s’impose progressivement alors qu’ils pensent à fonder une famille. Ils économisent pour acheter un terrain et passent leurs vacances à se former dans des fermes au Texas ou en France afin d’identifier ce qu’ils aiment cultiver. « On a choisi les canards parce que plein de gens faisaient déjà du poulet. Et puis on nous a dit : “soyez sûrs de commencer par quelque chose que vous aimez manger, car il y a un gros risque que vous en mangiez beaucoup…”. Et puis cela a une touche française qui me correspond bien », raconte Perrine Noelke.
Leur ferme s’étale sur 16 hectares de pâturages, parsemés ici et là de quelques arbres fruitiers. Elle compte en moyenne 700 canards dont 200 pondeuses, quelques 160 dindes et une poignée de cochons. « Et on vient aussi de commencer l’élevage d’agneaux. » Tout ce petit monde cohabite sur la prairie au son du cancan des canards. Ces derniers bénéficient d’un système de rotation. « On les déplace tous les 15 jours pour que l’herbe se régénère et qu’ils aient toujours à manger »
A Belle Vie Farm, la priorité est donnée à la qualité des produits. « On ne fait que du bio, élevé en plein air sur herbe. Notre philosophie est de faire la plus haute qualité possible sinon on ne fait pas. Et puis nous sommes nos premiers clients donc on veut manger sainement, » confie Perrine Noelke.
« Pour moi, c’est vraiment une question de préservation de l’écosystème, renchérit Aubrey Noelke. Je pense à la qualité de l’eau que mes enfants auront à boire. Je veux laisser un endroit qui sera meilleur que quand je l’ai pris, en améliorant les sols plutôt qu’en les détruisant à coups de pesticides »
A la ferme, la répartition des tâches est claire. Perrine s’occupe de la cuisine et de développer l’activité de traiteur. Elle qui se destinait à être ébéniste « a ça dans le sang. Mes grands-parents sont tous agriculteurs. J’ai été élevé aux aliments frais. » Aubrey, qui a fait des études d’art, se charge des activités extérieures. Les deux s’occupent ensemble de l’abattage des bêtes deux fois par semaine.
Le couple vend sa production en direct à des restaurateurs « farm to market » et sur les marchés à Austin le week-end, sous forme de magrets, cuisses, pâtés et saucisses (liste ici) « On vend tout à chaque fois. On a des clients réguliers. » Mais cela nécessite un petit peu d’éducation : « Les gens ne sont pas encore vraiment habitués à la viande bio ici, mais ça commence. C’est l’étiquette française qui les attire en premier lieu et fait qu’ils reviennent”, explique Aubrey Noelke. « Sans compter qu’il a fallu leur faire découvrir le canard au début », ajoute sa femme.
Mais leur souhait est de garder les choses à taille humaine. « On ne cherche pas forcément à grossir mais à s’améliorer constamment. Et en même temps, on ne peut pas s’empêcher d’essayer régulièrement de nouvelles choses car on adore apprendre. »