Depuis sa création à Weimar en 1919, l’Ecole du Bauhaus –de l’allemand « maison du bâtir »- a fuit les pressions politiques, pour finalement être fermée sur ordre nazi en 1933. Joseph Goebbels y voyait même « l’expression la plus parfaite d’un art dégénéré ». Deux déménagements (à Dessau puis Berlin) et trois directeurs n’ont pourtant pas empêché cet Institut d’avant-garde de poser les bases de réflexion de l’architecture moderne, comme l’entendait son manifeste : « Architectes, sculpteurs, peintres ; nous devons tous revenir au travail artisanal, parce qu’il n’y a pas d’art professionnel. Il n’existe aucune différence essentielle entre l’artiste et l’artisan. ».
L’exposition du Moma le lui rend bien. Les œuvres choisies pour Workshops for Modernity sont un étonnant aperçu de l’étendue du travail des artistes du Bauhaus ; du design industriel à la céramique, en passant par les meubles, l’architecture, la photographie, le textile, la sculpture, le théâtre ou la peinture, la large palette artistique de l’Ecole ferait presque croire à un courant de pensée : « Voulons, concevons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme : architecture, art plastique et peinture ». Peut être pas si faux, quand on sait que de nombreux artistes du Bauhaus étaient membres du Parti Communiste. Hannes Meyer, deuxième directeur de l’Ecole est d’ailleurs forcé de démissionner en 1928, soupçonné de vouloir politiser l’Institut…
De belles toiles de Paul Klee et de Kandinsky –maîtres du Bauhaus- valent le déplacement, tout comme les troublants portraits photo de Lucia Moholy et les différents luminaires très années 30 de Marianne Brandt. Mais aussi la série de tapies de Gunta Stölzl et les nombreux posters d’expositions qui seront familiers à certains.
Du 8 Novembre au 25 Janvier 2010 – The Joan and Preston Robert Tisch Gallery au 6e étage – Moma 11 West 53 Street, NY – 212 708 9431 – infos sur moma.org