Mine de rien, Bandsintown a atteint 15 millions de membres: le seuil a été franchi il y a quelques jours.
Pilotée depuis New York par deux Français, Fabrice Sergent et Julien Mitelberg, l’intérêt de cette application gratuite est de suggérer des concerts ou shows à venir, en fonction de votre ville et de vos goûts (Bandsintown scanne la musique de vos appareils, pages “likées” sur Facebook, Spotify etc.).
« Nous sommes devenus leader sur le marché de la découverte de concerts », dit Fabrice Sergent, rencontré dans ses bureaux de Midtown Manhattan. Son concurrent, Songkick, basé en Angleterre, est derrière.
« 65% de nos utilisateurs sont au USA ou au Canada. En France, on en a environ 500.000 », poursuit l’entrepreneur qui, à 43 ans, a déjà une longue carrière derrière lui. En 1995, c’est lui qui a initié, au sein de Lagardère, le pionnier de l’internet français Club Internet.
Mais pour Bandsintown, l’idée de départ ne lui revient pas tout à fait. Son agence spécialisée dans les applications mobiles, CellFish, a racheté cette jeune start-up de San Diego en 2011, qui comptait 700 000 utilisateurs enregistrés, et n’était qu’une application Facebook. Depuis, Fabrice Sergent a fait grandir Bandsintown au sein de Cellfish, au point qu’il a décidé, l’été dernier, de changer le nom de son entreprise, et de l’appeler plus simplement Bandsintown.
Cette réussite reflète avant tout l’essor du secteur de la musique live. Les Américains ont augmenté leur budget concert de 10% en cinq ans. Le sponsoring musical est également en plein développement, et représente désormais un marché de 1,5 milliard de dollars, confie Fabrice Sergent. En outre, le streaming sur abonnement payant, sur lequel Bandsintown s’appuie pour effectuer ses suggestions de concerts, « est un modèle en pleine croissance, de plus en plus accepté par les jeunes », remarque-t-il.
La bonne idée de Bandsintown est de s’adresser à deux publics. D’une part, les concertgoers, qui y trouvent des informations sur les tournées qui, en principe, les intéressent. D’autre part, les artistes et promoteurs. « On estime qu’en moyenne pour chaque tournée, 40% des tickets sont invendus. Nous aidons à résoudre ce problème, en permettant aux artistes de cibler leur communication. Ce qui est intéressant, c’est que cela met les artistes sur un pied d’égalité, et encourage la découverte de jeunes talents. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de statut d’intermittent du spectacle, et c’est ce genre de services qui soutient la création », dit ce fan de musique, qui écoute aussi bien l’électro dark de Gesaffelstein que les chansons mélo de Michel Jonasz.
Fabrice Sergent calcule que 250.000 artistes – dont certains très gros, comme Shakira ou Coldplay – utilisent sa plateforme. Bandsintown intègre et actualise leurs dates dans différents tuyaux (son application, les pages Facebook ou sites des artistes, Spotify etc). Bandsintown gagne de l’argent au travers de partenariats avec des billetteries en ligne, comme TicketMaster, vers lesquels les utilisateurs sont dirigés. Ou encore via du sponsoring, ou divers services proposés aux artistes et promoteurs.
Fabrice Sergent affirme d’ailleurs que pour ces derniers, Bandsintown est un bon indicateur pour calibrer une tournée, en fonction du nombre de « fans » de l’artiste dans une ville (on devient fan lorsque Bandsintown estime que l’on écoute souvent un chanteur – la sélection peut aussi se régler manuellement).
Ainsi, un petit coup d’œil dans les données de Bandsintown nous apprend qu’il y a, à New York, 26.105 fans de Jean-Jacques Goldman, 29.491 fans de Vanessa Paradis, 14.919 pour Cabrel, 36.800 fans de Booba et à peu près la même chose pour Fauve. Et… 39.900 fans de Carla Bruni. Pas grand-chose, en revanche, pour Michel Jonasz, regrette Fabrice Sergent. « On ne va pas lui dire », dit-il en souriant.