Windsor Terrace, coincé entre Prospect Park et le Green-Wood Cemetery, est une enclave calme et presque provinciale de Brooklyn, avec des rues arborées bordées de maisons individuelles aux façades en bois.
Dans l’une d’entre-elles, au rez-de-chaussée, on peut entendre des enfants chanter des comptines en français. La preschool Le Ballon Rouge y a ouvert ses portes au début du mois de septembre, et accueille, trois fois par semaine, deux classes (une pour les enfants de 2 ans, une autre pour les 3/4 ans).
Céline et Jade, les deux institutrices françaises, encadrent ces petits groupes, et leur parlent “100% en francais”. “On leur fait faire des dessins, des collages, on leur apprend les lettres, on développe leur vocabulaire sur des thèmes. Comme les groupes vont de cinq à sept élèves seulement, on a le temps de faire du travail individuel”, remarque Céline, qui s’est installée à New York cet été, et travaillait auparavant comme institutrice dans une école près de Nancy.
Les niveaux de francais des enfants inscrits sont différents, certains parlent le français à la maison, d’autres non. Pour la plupart, le francais est une langue minoritaire.
“Mon but, c’est de les faire parler le plus possible, de les faire jouer entre eux en francais. En quelques semaines, ils ont fait énormément de progrès”, remarque Jade, qui a enseigné le français dans diverses structures à New York, notamment pour les after-schools de l’EFNY.
Anna, une maman américaine qui vit à Ditmas Park, et qui est bilingue en français, l’a constaté. “Je suis très contente du Ballon Rouge, le français d’Arthur s’est beaucoup amélioré, et le fait qu’ils soient peu nombreux dans les groupes est un vrai avantage“, affirme-t-elle. Quant aux prix, ils vont de 560 à 1.890 dollars par trimestre, selon la formule choisie.
Le Ballon Rouge a été lancé par Shumin Ma, une réalisatrice new-yorkaise tombée amoureuse du français lorsqu’elle a commencé à l’étudier, dans son collège de Chinatown. “Le premier film que j’ai vu dans cette langue était Le Ballon Rouge, se souvient-elle. Puis j’ai découvert la France en 1999, pendant un séjour d’études à Dijon. J’ai adoré ce pays et j’ai d’ailleurs vécu à Paris de 2002 à 2007.”
A New York, cette maman a voulu que son fils apprenne très vite cette langue (en plus du chinois et de l’anglais), mais n’a pas réussi à obtenir de place dans une preschool bilingue. Pas démontée, elle a décidé de créer sa propre structure. L’année dernière, le Ballon Rouge a pris la forme d’une coopérative de parents. Cette année, Shumin Ma est passée à l’étape suivante, avec une vraie “école” – son fils Mason, quatre ans, est l’un des élèves.
A la fin de l’année, le Ballon Rouge va déménager à quelques “blocs”, dans des locaux que Shumin Ma a fait aménager à cet effet. Elle a aussi d’autres projets : des cours de musique, de photo ou de cuisine, et des soirées film pour enfants, toujours en francais.
Parallèlement, elle tente de rassembler un petit groupe de parents, afin de lancer en 2015 un programme bilingue en français à la PS 230, dans le quartier de Kensington, en commençant par le Kindergarten. Avis aux intéressés.
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