Trois mois après son tweet qui a lancé le hashtag #BalanceTonPorc, Sandra Muller est attaquée en diffamation par Eric Brion, l’homme qu’elle avait nommément accusé d’avoir tenu des propos dégradants.
Sur sa page Facebook, la journaliste française, qui dirige depuis New York la Lettre de l’Audiovisuel, a annoncé elle-même la nouvelle: « Eric Brion que je nomme comme l’auteur des propos dégradants dont j’ai fait l’objet (…) a finalement changé de stratégie et a décidé, contre toute décence, de m’amener devant les tribunaux ». La journaliste a lancé une page sur le site de financement participatif Go Fund Me pour lever des fonds pour couvrir le coût de sa défense.
L’avocat parisien de Sandra Muller, Me Alexis Guedj, a fait savoir à l’Agence France-Presse (AFP) que l’assignation a été délivrée trois jours avant l’expiration du délai de trois mois pour attaquer en diffamation.
Aujourd’hui consultant, Eric Brion est l’ancien directeur général de la chaîne de télévision Equidia. Sandra Muller l’a accusé de lui avoir dit: “Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit“.
Dans une tribune publiée par Le Monde le 31 décembre, il avait reconnu avoir « effectivement tenu des propos déplacés envers Sandra Muller, lors d’un cocktail arrosé très tard dans une soirée ». Il avait présenté ses excuses à la journaliste, tout en demandant le droit à la nuance.
Le père de famille refusait l’amalgame entre son comportement et les accusations de viols et d’agressions sexuelles contre le producteur américain Harvey Weinstein, qui avaient été à l’origine du tweet et du hashtag #BalanceTonPorc. Eric Brion précisait aussi n’avoir jamais travaillé avec Sandra Muller et n’avoir jamais été son supérieur hiérarchique, ajoutant, « j’aurais largement préféré qu’une autre « balance », celle de la justice, tranche dans cette affaire plutôt que le tribunal des réseaux sociaux ».
Avec son tweet du 13 octobre, Sandra Muller avait lancé sans le vouloir un mouvement et les messages de dénonciation d’agressions ou de menaces à caractère sexuel, se sont répandus sur les réseaux sociaux. D’autres hashtags sont ensuite apparus sur la toile: #metoo, #moiaussi, pointant les « agressions du quotidien » dont les femmes font l’objet: mains baladeuses, frottements dans le métro et commentaires salaces dans la rue…
En décembre, Sandra Muller et de nombreuses autres femmes ont fait la Une du magazine Time qui a reconnu ces « briseuses de silence » comme ses personnalités de l’année 2017. La journaliste avait alors déclaré à French Morning être « très touchée », précisant que selon elle « il s’agit d’un mouvement de paix, pas une guerre des sexes ».
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eh bé …