Journaliste française vivant à New York, Sandra Muller a été condamnée, mercredi 25 septembre, à 20.000 euros de dommages et intérêts et frais d’avocat par le tribunal de Paris pour avoir diffamé l’homme qu’elle accusait de harcèlement sexuel sur twitter. Elle prévoit de faire appel.
À l’origine du mouvement #BalanceTonPorc, son tweet d’octobre 2017 (“Tu as de gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit. Éric Brion, ex-patron de Équidia. #balancetonporc), devra également être supprimé de son compte. Le jugement prévoit également l’obligation de poster un tweet sur la condamnation sur le compte de Sandra Muller, ainsi qu’une publication dans deux journaux du choix d’Éric Brion.
Posté en pleine affaire Weinstein aux Etats-Unis, le tweet avait entrainé une libération de la parole sans précédent de femmes victimes de harcèlement sexuel. Il avait valu à la journaliste, qui dirige la Lettre de l’Audiovisuel depuis New York, d’être nommée en 2017 parmi les personnalités de l’année du magazine Time.
Deux mois plus tard, Éric Brion a publié une tribune dans le journal Le Monde pour faire part de ses regrets face à ce qu’il a appelé des “propos déplacés” et a rappelé qu’il n’était pas le supérieur hiérarchique de Sandra Muller au moment des faits. En 2018, il l’a attaquée en diffamation. Lors du procès, ses avocats ont brossé le portrait d’un homme cassé, dont la santé, la vie privée et les affaires ont été affectés par cet épisode.
«Quel qu’ait pu être le ressenti subjectif de Sandra Muller à la suite de paroles d’Eric Brion (…), la base factuelle dont elle disposait était insuffisante pour tenir les propos litigieux accusant publiquement le demandeur d’un fait aussi grave que celui du délit de harcèlement sexuel, ont tranché les magistrats dans leur jugement, que s’est procuré Le Figaro. Et elle a manqué de prudence dans son tweet, notamment en employant des termes virulents tels que “porc” pour qualifier le demandeur, l’assimilant dans ce contexte à Harvey Weinstein, et “balance”, indiquant qu’il doit être dénoncé et en le nommant, précisant même ses anciennes fonctions, l’exposant ainsi à la réprobation sociale».