« Salut, je suis Jim Jarmush – je suis un grand fan de poésie et un résident de longue date du Lower East Side ». C’est ainsi que débute la East Village Poetry Walk. L’illustre cinéaste nous sert de guide dans les rues du quartier tandis que John Zorn, un habitant du coin également, se charge de l’accompagnement musical.
Nous commençons au croisement entre la 2nd Avenue et la 10th street, devant l’église St Mark (ci-contre), qui sert également de centre culturel alternatif. On y récite toujours, régulièrement, de la poésie. Jim Jarmush nous invite à prendre place dans le jardin pendant qu’il raconte la naissance d’une nouvelle génération de poètes américains, ceux qui ont radicalement renouvelé cet art à la fin des années 1950 : langage plus fluide, moins formel, ouverture à la politique, la vie urbaine, le sexe et la culture populaire.
Beaucoup de ces changements ont vu le jour ici justement, dans l’East Village, un quartier dont la scène poétique n’a jamais baissé en intensité. Etiquetés “Beats”, comme Allan Ginsberg, Jack Kerouac et William S. Burrough, ou poètes de la New York School, comme John Ashbery, Kenneth Koch et Frank O’Hara, la communauté de poètes qui s’y retrouvaient était d’accord sur un point: « La poésie doit être vivante, immédiate, amusante».
La balade continue. De la 2nd Avenue à Alphabet City, traversé par les avenues A, B et C, c’est un quartier, peuplé dans les années 1960 majoritairement d’Hispaniques, de marginaux, d’artistes et aujourd’hui largement embourgeoisé que nous fait découvrir Jarmush. L’auditeur plonge dans la vie poétique locale récente, racontée à grands renforts d’anecdotes et de lectures. Un voyage dans le temps, qui permet aussi de vagabonder dans l’East Village, ce foyer de culture alternative, sa population bigarrée, ses jardins communautaires cultivés dans chaque mètre carré disponible, ses chaises dans les rues, ses « fire escape » multicolores…
Quelques conseils pratiques avant de se lancer : la balade fait un peu plus de 3 kilomètres (2 miles) et dure 95 minutes. Prévoir une ou deux heures de plus peut cependant s’avérer judicieux tant la tentation de la pause à la terrasse du Biergarten allemand à mi-parcours, de prendre des photos, de traîner dans les librairies du quartier, est grande… Une bonne compréhension de l’anglais est nécessaire, mais point d’affolement face à la densité des informations ou la richesse de certains textes : retenir tous les noms ou comprendre toutes les nuances des poèmes récités n’est pas indispensable pour profiter du but premier de cette balade : happer l’atmosphère particulière de ce quartier légendaire.
La promenade s’achève devant le Bowery Poetry Club, « l’endroit idéal pour terminer notre tour, conclut Jim Jarmush. C’est ici que perdure la scène poétique de l’East Village »
Informations pratiques :
Informations et balade à télécharger : http://eastvillagepoetrywalk.org/
Consulter le programme du Bowery Poetry Club : http://www.bowerypoetry.com/