Si la pandémie a précipité la fermeture de nombreux commerces et restaurants, pour certains, elle a été l’élément déclencheur qui leur a permis de concrétiser leurs rêves culinaires, ou d’adapter leurs talents en cuisine aux nouveaux modes de consommation. D’Oakland à Alamo en passant par San Francisco, nous avons rencontrés cinq Français qui se sont lancés en cuisine pour nous régaler.
Originaire de Toulouse, Will a gardé l’accent chantant. Sa marque de fabrique ? La cuisine gourmande. Ses spécialités ? Le cassoulet, la paella, le boeuf bourguignon, les barbecues et la cuisson sous vide. Installé depuis 21 ans dans la Baie de San Francisco, il s’est pourtant d’abord fait connaître comme DJ électro. De passage sur SF pour mixer dans un bar, sa french touch a enflammé la piste. Rappelé à se produire, il a quitté sa région natale dans la foulée et a tenté l’aventure aux US. « Avec un sac de vinyls, un de vêtements et un dictionnaire Français-Anglais ! » Frenchy le Freak, de son nom de scène, a alors mixé avec les plus grands, de David Guetta à Bob Sinclar. À cette période, il a rencontré de nombreux chefs. L’un d’eux – Hubert Keller – est devenu un ami très proche. Aux manettes d’un restaurant étoilé (l’ex Fleur de Lys), c’est à ses côtés que Will a appris les techniques.
Passionné de cuisine depuis toujours, il a vraiment enfilé le tablier il y a huit ans, à la naissance de sa première fille. Une activité qui se combinait mieux avec sa vie personnelle. S’il continue à mixer, la cuisine a aujourd’hui pris le dessus. Et avec la pandémie, les commandes explosent. Tout passe par son site Cuisinebywill : deux fois par semaine – mardi et vendredi – il propose un menu par newsletter. Compter entre $17 et $25 selon la nature du plat principal. Tout est frais du matin, préparé maison de A à Z et une fois payé, on récupère le menu à son domicile, sur Oakland, entre 17h30 et 19h00. Attention, 40 à 60 personnes maximum par soir. À noter qu’en parallèle, Will organise également des évènements privés.
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Suite à la mutation de son mari, Aurélia Payssan et leurs trois enfants débarquent dans la Baie de SF il y a un an. Ancienne ingénieure informatique, elle doit entièrement se réinventer. Une transition désirée, mais complexe pour cette maman superactive. Ne disposant pas de permis de travail, elle ne peut pas chercher d’emploi… « Impossible d’attendre sans rien faire ! » explique t-elle. Elle décide donc de transformer ce défi en opportunité et découvre une nouvelle activité : la pâtisserie. « J’aime les nouveaux challenges » ajoute t-elle. Ce qui au départ ne relève que d’un passe-temps, devient vite une véritable passion. Et pour mieux maîtriser les bases (pâtes, appareils et autres crèmes), elle suit des cours intensifs qui se prolongent par un CAP pâtisserie en candidat libre. Des gâteaux d’anniversaire, elle étoffe peu à peu son offre et ses voisins deviennent les premiers palais à la déguster.
Le succès s’avère quasi immédiat grâce au bouche-à-oreille. “Rendez-Vous French Pastry” est né. Fraisiers, mille-feuilles, palmiers et viennoiseries en vedettes. Les gâteaux pour 8 personnes reviennent à $40-$45 et les boîtes découvertes avec dix viennoiseries (vendues sinon à l’unité) sont à $30. Jusqu’à maintenant, Aurélia cuisinait exclusivement à son domicile, mais aujourd’hui, elle collabore aussi avec Lever Coffee à Alamo, où elle vit. Elle loue leur cuisine, y vend ses produits et y concocte ses commandes. Son rêve ? Ouvrir bientôt sa propre pâtisserie-salon de thé.
Plus d’informations : (925)-915-2274 ou sur son site.
De gauche à droite : la pâtissière Aurélia Payssan, le traiteur Will et la chef à domicile Sophie Le Doré.
Sophie Le Doré vit aux États-Unis depuis onze ans. Ce qui l’a amenée dans la Baie de SF ? « La nature, l’énergie, le mélange des cultures, les profils hors du commun, et l’envie de changer de vie ». Journaliste culinaire à Paris, elle a travaillé trois ans pour l’émission de radio de Jean-Pierre Coffe « Ça se bouffe pas, ça se se mange ». Une expérience formatrice qui lui a permis de rencontrer de nombreux producteurs et de talentueux cuisiniers. Elle a aussi collaboré à l’émission « Fourchette et sac à dos » (France 5) où elle a créée différentes recettes pour Julie Andrieu. L’expatriation lui a ensuite donné l’élan d’explorer la voie de la cuisine à temps plein. Forte d’une formation à l’institut Paul Bocuse réalisée avant son départ, elle a donc troqué les stylos pour les marmites. Objectif : devenir chef personnel. Autrement dit, elle importe sa philosophie de la cuisine chez les autres.
Son credo ? Le terroir et la qualité des produits de saisons. Elle aime “allier les goûts et les textures à une cuisine saine et équilibrée qui s’inspire de plusieurs pays, pas seulement de France”. Même si le hachis Parmentier et le coq au vin restent au menu ! Autre point fort : elle adapte ses repas aux contraintes alimentaires de chacun (sans gluten, végétarien, allergies, etc.). Après son marché du matin, elle se rend à domicile chez ses clients où elle concocte les petits plats qu’ils dégusteront toute la semaine. Elle propose en outre les cours de cuisine par Zoom, notamment pour des entreprises de la tech locale (réaliser son pain au levain, cuisiner un risotto, une ratatouille confite, etc.). Enfin, elle organise parfois des dîners privés chez ses clients. Les tarifs de ses services à la semaine commencent à $350 et évoluent selon le nombre de personnes, la localité et la complexité du régime alimentaire. Sans oublier le coût strict des ingrédients.
Plus d’informations : sur son site
Avec sa moto Ural et son side-car, Jérôme Ribeiro est une figure bien connue de la Baie de San Francisco. Fondateur de Rides by Me, il sillonne en effet la région afin d’en faire découvrir les merveilles de manière originale aux touristes. Une nouvelle activité que Jérôme Ribeiro, cuisinier de formation, a lancé en 2019, en parallèle de ses responsabilités au sein de plusieurs restaurants san franciscains. Formé aux métiers de bouche dans son Alsace natale, le chef a en effet travaillé au Café de la Presse, Chez Papa, à Revelry Bistro. Le dernier en date, Bistro Aix, a malheureusement été l’une des premières victimes de la pandémie. Et les visites en side-car ont été également mises en pause pour quelques mois. « Pendant le premier confinement, je préparais des lasagnes pour ma belle-fille quand elle m’a suggéré d’en préparer plus pour ses collègues de la tech qui ne savaient pas cuisiner… En une heure, vingt personnes étaient intéressées. Au final, j’en ai préparé 80 portions ! »
Amis, anciens clients, et le bouche-à-oreille lui apportent rapidement une clientèle fidèle, aussi bien française qu’américaine. Tous apprécient les menus disponibles à la livraison chaque jeudi. « J’ai un fichier avec toutes les recettes pour ne pas me répéter : choucroute, coq au vin, boeuf bourguignon, joue de boeuf braisée, couscous, schnitzel… Je propose une entrée, un plat, un dessert, et du vin toutes les semaines.» Et comme si la cuisine lui laissait un tant soit peu de répit, Jérôme Ribeiro a lancé en parallèle “Say Très Good”, une chaîne Youtube qui déniche les pépites culinaires de la Bay Area. Le but : les promouvoir durant ces temps incertains. À terme, Jérôme Ribeiro espère que son activité touristique reprenne. Avec l’ouverture des frontières, le nombre de touristes désireux de découvrir les vallées de Napa et Sonoma en side-car devrait se faire plus nombreux… En attendant, cette semaine, il livrera du cassoulet à tous les amateurs.
Plus d’informations : pour recevoir les menus, contactez Jérôme Ribeiro par email ou par SMS.
Crédit : @azagette