Un mois tout rond qu’il a pris possession de ses nouveaux quartiers sur Santa Monica Boulevard et déjà pas une seule minute à lui.
A 39 ans, Axel Cruau, venu du cabinet d’Alain Juppé, où il était en charge de l’ONU, remplace désormais le très médiatique David Martinon à la tête du consulat de France à Los Angeles. Hasard amusant, ce dernier, après avoir passé le relais à son successeur début septembre, vient lui-même d’être aperçu la semaine dernière sur le banc de la délégation française … à l’ONU. Il a été nommé à New York en renfort jusqu’en décembre, dans l’attente de sa nouvelle affectation. Avant de quitter la Californie, David Martinon n’a pas manqué de donner quelques conseils au nouveau consul.
“Avant de venir, j’avais déjà visité San Francisco, la Napa Valley, mais jamais Los Angeles. Probablement parce qu’il s’agit plus d’une ville à vivre que d’une ville touristique, remarque Axel Cruau. New York est une ville très différente où les choses viennent naturellement à vous, tandis que Los Angeles ne se donne pas facilement. Comme me l’a fait remarquer David Martinon, c’est une ville qu’il faut vraiment aller chercher. Notamment en n’hésitant pas à passer beaucoup de temps dans sa voiture !”.
Ramener le potentiel californien en France
La rentrée d’Axel Cruau a démarré sur les chapeaux de roue. Depuis le 4 septembre, le nouveau consul enchaîne les réunions de travail avec son équipe, les entretiens diplomatiques ou encore les rencontres avec la communauté française.
Diplômé de l’ENA (promotion Nelson Mandela) en 2001, Axel Cruau a débuté comme adjoint au porte-parole du Quai d’Orsay, de 2001 à 2004. Il traverse ensuite l’Atlantique en tant que Premier secrétaire à la mission permanente française auprès des Nations unies à New York de 2004 à 2009. Après une “très bonne expérience” d’un an, passée en tant que deuxième conseiller à Pékin, de 2009 à 2010, il devient conseiller auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes: d’abord celui de Michèle Alliot-Marie puis d’Alain Juppé, lequel le nommera ensuite Consul à Los Angeles, en avril.
L’attribution de ce poste très convoité est une belle sortie de cabinet ministériel pour ce diplomate à la carrière déjà riche. “Le Consulat de Los Angeles, c’est réellement un poste fabuleux. Ce qui m’a donné envie de venir ? Plusieurs facteurs clefs : tout d’abord, le dynamisme de la communauté française. Près de 17.000 Français sont répertoriés dans la région de Los Angeles. En réalité, il y en a probablement deux et demi à trois fois plus, puisque beaucoup de gens ne s’immatriculent pas auprès du consulat”. Autre attrait évident pour Axel Cruau : le dynamisme de l’activité économique. “Malgré la crise, la Californie demeure la 9ème économie mondiale avec des secteurs de pointe comme les biotechnologies ou les nanotechnologies. En matière de recherche, d’innovation, d’idées, de financements, il y a un vrai potentiel à suivre et à capter à Los Angeles. A nous ensuite de faire en sorte que ce potentiel soit ramené vers la France : en attirant des investisseurs dans l’Hexagone, en développant des collaborations franco-américaines dans le domaine de la recherche par exemple.”
Axel Cruau a aussi découvert à son arrivée une vitalité artistique en pleine expansion dans les domaines de la mode et du design. “Un galeriste français m’expliquait récemment que le Los Angeles d’aujourd’hui, c’est un peu le New York du début des années 40 ou le Paris de la fin du XIXe siècle”.
Défendre l’image de la France
Parmi les autres chantiers phares qui attendent le nouveau consul : l’amélioration de l’accueil et des services rendus aux Français expatriés. “Nous allons lancer un appel à idées d’ici peu. Nous réfléchissons à plusieurs pistes pour faire du consulat un lieu plus convivial qui donne aux Français de Los Angeles le sentiment qu’ils sont vraiment ici chez eux”. Enfin, l’ancien conseiller diplomatique entend également œuvrer à améliorer l’image de la France et de l’Europe aux Etats-Unis. “J’ai rencontré récemment des hommes d’affaires américains qui étaient très inquiets après les émeutes en Espagne. L’Europe s’est toujours réformée dans des moments de crise, dans la douleur. Mais il faut être capable d’expliquer cela aux Américains pour changer l’image qu’ils ont de l’Europe. Je veux également m’investir dans les relations avec la région Pacifique à laquelle je m’intéresse, après avoir travaillé en Chine, en 2009. Il y a ici en Californie beaucoup de think tanks qui peuvent être des interlocuteurs privilégiés dans ce domaine”.
L’affaire de l’interdiction du foie gras en Californie prouve, selon Axel Cruau, “la nécessité de savoir expliquer”. “Nous pensons souvent à tort que Français et Américains sont frères et sœurs. En réalité, nous sommes plutôt cousins. Les conceptions que nous avons de chacune de nos cultures sont bien souvent erronées. Il ne faut pas avoir peur de défendre la France et notre héritage, mais il faut aussi savoir trouver les mots justes pour convaincre”.