Difficile de se lancer dans l’art à Paris quand on n’est pas du sérail. Un constat amer qui a poussé Dimitri Lorin à s’expatrier pour vivre son rêve. “J’ai choisi de faire d’abord mes preuves à l’étranger. Cela m’a fait gagner dix ans de carrière“, assure le directeur-fondateur d’Avenue des Arts.
Après avoir lancé une galerie à Hong Kong en 2013, il a inauguré un centre d’art urbain à Los Angeles, en juin, aidé par son épouse Jennifer Duval. Du vendredi 13 au dimanche 29 octobre, il accueille une exposition solo de l’illustrateur et caricaturiste barcelonais Joan Cornellà, auteur de dessins absurdes bourrés de cynisme et d’humour noir.
Précurseur dans la mégalopole asiatique, Dimitri Lorin a choisi de s’exporter de l’autre côté du Pacifique dans un espace industriel de 550 m2 sur deux niveaux, en plein centre de Downtown. “Nous voulons faire connaître nos artistes dans des villes majeures; mais aussi les faire voyager dans des foires d’art internationales.”
Des oeuvres gargantuesques exposées
Avenue des Arts est aux antipodes de la galerie commerciale traditionnelle, souhaitant installer des artistes émergents et établis dans les musées et fondations. “Nous voulons que l’art urbain soit reconnu comme un art à part entière.”
Grâce aux dimensions gargantuesques des lieux, il peut accrocher les œuvres de Monky Bird, réalisées à partir de pochoirs, et mesurant 3 mètres sur 3, mais aussi celles du spécialiste français du pointillisme, Kan, et les photos des gangs mexicains de Nicolas Giquel. Les expositions se suivront toutes les six à huit semaines, avec un étage dédié aux pluies de couleurs de Marc Allante en novembre; suivi par l’univers pop art de Matt Gondek en décembre.
“Outre mes goûts artistiques, j’essaie de regarder leur passif et leur volonté d’évolution. Je ne veux pas faire de “one shot”, mais m’occuper des artistes de A à Z, ce que font peu de galeries“, défend l’ancien joueur de tennis français, qui agit avec ses artistes comme un coach avec ses joueurs. Un poste qu’il a d’ailleurs occupé pendant quelques années, après avoir mis un terme à sa carrière sportive à cause d’une blessure. Passionné de design, ce collectionneur s’est alors orienté vers la création de peintures avant de réaliser qu’il préférait la représentation d’artistes.
Son jeu ne se limite pas à ça. Sa balle de match : éduquer les futurs collectionneurs. “Il y a beaucoup de gens qui investissent dans les propriétés, les actions, mais pas assez dans l’art. Et pourtant, c’est un meilleur investissement“, clame Dimitri Lorin, qui représente six artistes. Il s’adresse à tous les budgets, en passant des sérigraphies en édition limitée (à partir de 100 dollars) aux oeuvres à 40.000 dollars.
L’accès à des oeuvres de maîtres
Hors des terrains de la vente, il veut faire d’Avenue des Arts un “espace de vie“. Repas de collectionneurs, café des arts dans un espace bibliothèque, initiation à la peinture pour enfants: plusieurs événements seront proposés. “Nous exposerons aussi des oeuvres de maîtres, comme du Basquiat ou du Takashi Murakami.”