Entrer à Techstars, c’est un peu comme gagner la Star Academy. Alban Denoyel, jeune parisien de 28 ans, a réussi à convaincre le jury de cet incubateur de start-ups ultra-sélectif – 1.700 dossiers issus de 66 pays, pour 11 lauréats cette année. Et a obtenu son ticket pour New York.
Depuis le mois de mars, Sketchfab, la plateforme de visualisation d’objets en 3D lancée en mars 2012, est ainsi domiciliée dans les locaux de cette pépinière d’Astor Place. « Cela nous donne accès aux plus grands investisseurs des Etats-Unis, à des coachs de très haut niveau, et surtout, cela nous rend visible dans le magma des start-ups », estime ce diplômé de l’Essec, qui compte bien rester à New York à sa sortie de Techstars, cet été.
L’ambition de Sketchfab tient en une formule : devenir « le Youtube des fichiers 3D ». C’est son associé, Cédric Pinson, qui a élaboré la partie technique du site, via la technologie webGL, qui permet un accès facile à ces formats. Le site, qui comptabilise à ce jour « plusieurs milliers » d’objets en ligne et quatre millions de pages vues le mois dernier, est utilisé par des designers, des artistes ou des architectes pour exposer leurs prototypes. « Mais cela permet aussi à n’importe qui de manipuler des objets en 3D, de les intégrer dans un site. Un de nos plus gros succès a été un modèle de PlayStation 4, qui a enregistré 500.000 vues. »
« Tout le mouvement autour de la 3D est en pleine ébullition à New York », poursuit Alban Denoyel, passionné de sculpture et d’arts visuels, qui a travaillé à Paris au magazine de photos Polka. Pour lui, pas de doutes : ce format est « l’évolution naturelle du web ». Il va trouver sa place aux cotés du texte, des photos et des vidéos. « Les scanners qui permettent de créer des fichiers 3D vont se développer. Bientôt, quand on vendra une table sur E-bay, on pourra l’exposer en 3D. C’est une expérience plus immersive et moins passive que de voir une vidéo. »
Sketchfab, en accès gratuit, se développe aujourd’hui grâce à une levée de fonds de 370.000 euros réalisée fin 2012, lorsque l’entreprise était basée au Camping, un accélérateur parisien. Cette somme lui permet d’employer neuf personnes, dont cinq développeurs toujours basés à Paris.
Avec l’effet Techstars, Alban Denoyel vise 1 million de dollars supplémentaires d’ici la fin de l’été 2013. « Pour le moment, c’est bien parti. » Une fois que le site aura pris de l’ampleur, il sera temps de mettre en place des sources de revenus. « On a diverses pistes : licencier notre technologie, monétiser nos contenus pour des utilisations dans des films, des sites de e-commerce ou des jeux. »