Faut-il contrôler le port d’armes ? Quel est le meilleur endroit pour un « date » ? Combien de fois par semaine courrez-vous ? Faut-il une taxe sur les produits gras ?
Autant de questions qui figurent sur Qwanz, le site de la start-up new-yorkaise créée en 2010 par le Français Pierre Sernet. Après avoir répondu au sondage, l’utilisateur peut consulter les résultats et les filtrer par catégories (sexe, lieu de résidence etc.). Le site précise aussi le nombre de réponses – de quelques dizaines à plusieurs milliers.
Financé à sa naissance par la pub, Qwanz nourrit désormais l’ambition de devenir un réseau social. Dans sa nouvelle version de 2013, les utilisateurs peuvent commenter des sondages, en créer, les partager sur Twitter ou Facebook. Une application mobile vient d’être lancée, tout comme des versions pour la Grande Bretagne, l’Inde et la France.
Mais la principale nouveauté, c’est la dimension revendicative de Qwanz. Dès lors que le nombre de réponses atteint un seuil, l’utilisateur peut envoyer les résultats d’un sondage à un ou plusieurs journalistes. Qwanz dispose d’une base de 20.000 « faiseurs d’opinion » classés par médias et pays. Il est aussi possible de faire parvenir un sondage à des responsables d’agences gouvernementales, des porte-paroles de ministères, des élus. « L’idée, c’est d’amplifier la voix des individus, de leur permettre de faire bouger les choses », affirme Pierre Sernet.
Coté business, le fondateur de Qwanz espère tirer parti de cet aspect communautaire pour évoluer vers un modèle économique « plus proche de celui de Facebook ». « Notre atout, c’est d’agréger des données sur l’opinion des gens, que nous les récoltons en fonction des réponses aux sondages, et via les profils, qui nous informent sur leur âge, leur lieu de résidence, leurs préférences ».
« Pour une entreprise, cela peut être intéressant d’utiliser nos données, ou de sponsoriser des sondages. On peut imaginer qu’un fabriquant de chaussures de sport veuille sonder des femmes de 30-40 ans qui nous ont dit qu’elles courraient deux fois par semaine. » Mais il prévient d’emblée : « Qwanz ne connaît pas les noms de ses utilisateurs, et ne communiquera pas les e-mails à ses clients ».
Mais pour disposer d’une base de données satisfaisante, Qwanz doit d’abord développer son nombre d’utilisateurs. « Nous sommes en pleine recherche de fonds afin de pousser le trafic. Nous voulons traduire le site en dix langues. L’objectif, ce serait de lever 1,5 million de dollars dans l’année ».
Un art dans lequel Pierre Sernet s’est déjà illustré. Depuis son arrivée à New York en 1973, il a successivement créé Artnet, une des principales banques de données sur les œuvres d’art, puis Cidex.com, un des premiers catalogues industriels en ligne. Il a aussi monté, en 2000, une plateforme de trading de matières premières, Nodlet. Enfin, il mène depuis 10 ans une carrière d’artiste photographe, avec un penchant particulier pour le Japon et la cérémonie du thé. Entre l’art, la finance et l’industrie, son carnet d’adresses est bien rempli.