Pas grand-chose ne semble a priori plus éloigné de New York que l’Aveyron. Ce département rural du sud de la France, perdu quelque part entre Toulouse et Montpellier, n’offre pas tout à fait la même vie, citadine et effervescente, que celle de la mégalopole américaine. Et pourtant, une Française originaire de ce coin de Métropole s’est mis en tête de « construire un pont entre ces deux mondes ».
Daphné Jouanneteau vit dans la Grosse Pomme depuis une douzaine d’années mais c’est dans l’Aveyron qu’elle a grandi. Elle vient de créer « Les Champs du Sud », une structure qui va amener l’Aveyron à New York et vice versa. « C’est une invitation à faire découvrir notre sud de la France aux New-Yorkais, explique-t-elle. Il s’y passe énormément de choses mais les gens, même en France, ne le savent pas forcément. Quand je suis revenue passer un peu de temps à Rodez après le Covid, je n’ai pas reconnu l’endroit où j’avais grandi. Il y a tout un tas de jeunes qui sont venus ou revenus y vivre, et y ont créé des restaurants, des vignobles, des fermes… »
Alors, la jeune New-Yorkaise s’est mis en tête de promouvoir et valoriser les personnes qui changent le visage de ce territoire pas comme les autres, éparpillé entre l’Aubrac au nord, le Larzac au sud et les Bastides du Ségala à l’ouest. Daphné Jouanneteau a commencé par organiser un week-end aveyronnais au Frog Wine Bar, un bar de Bed-Stuy (Brooklyn). Au programme, quelques spécialités culinaires du département, notamment l’incontournable Aligot, accompagné de saucisses et de farçous (galettes de farce). Deux Aveyronnais, propriétaire d’un restaurant à Rodez pour l’un (Luc Pourrat, avec La Maison) et d’une ferme pour l’autre (Guillaume Méjane), étaient aux fourneaux pour l’occasion. Des agapes amenées à se renouveler dans le futur.
Bientôt, dès l’été prochain pour le voyage inaugural, elle glissera dans ses valises une vingtaine de chanceux qui iront passer une semaine dans l’Aveyron (renseignements et réservations ici). Daphné Jouanneteau, qui travaille depuis plus d’une décennie dans l’événementiel et l’hospitalité, évoque une « expérience » plutôt qu’un voyage, qu’elle appelle « Rural Therapy ». « Je connais l’Aveyron et j’ai accès à des moments pas ouverts à tout le monde, explique-t-elle. Je souhaite faire découvrir mon département aux New-Yorkais par des lieux hors des sentiers touristiques : un dîner dans une ferme avec un chef local par exemple. Le Covid a provoqué un changement dans la façon dont les gens voyagent : ils veulent découvrir des endroits perdus, ils veulent vivre quelque chose de différent. »
Et pour cela, rien de mieux que l’Aveyron. Le département a conservé son charme rural et cette authenticité typiquement française qui plaît tant aux Américains. « Quand je dis que je suis du Sud, tout le monde me demande : Saint-Tropez ?, plaisante Daphné Jouanneteau. Mais quand je reviens en France et que je poste des photos sur mes réseaux, les gens me disent “ça a l’air génial !”. » L’Aveyron est le département qui possède le plus grand nombre (onze) de lieux recensés dans le classement du label des Plus Beaux Villages de France. « Je ne veux pas juste amener quelques New-Yorkais dans l’Aveyron, conclut Daphné Jouanneteau. Je veux créer un lien entre ces deux territoires ». Qui ne sont peut-être pas si éloignés que cela en définitive.