Quel parent n’a pas déjà craqué lorsque son jeune chérubin, assis sur sa chaise haute et avec un regard de défi, vous balance son assiette de purée maison à la figure ? Ou lorsque, faute de temps, le parent a dû ouvrir en vitesse une boîte de purée industrielle pour bébé, au contenu peu transparent ? Nous sommes nombreux à avoir été, en quelques secondes, submergés par la culpabilité de ne pas donner la meilleure nourriture à notre progéniture.
C’est pour répondre à ce besoin immense de pédagogie, de recettes et surtout de déculpabilisation que Lucie Thomé, coach certifiée en nutrition installée aux États-Unis (New York), a eu l’idée de créer Bébé Foodie. Après un début de carrière en marketing dans des grands groupes comme Guerlain, elle devient maman et se rend compte de l’immense charge mentale que représente la préparation des repas, pour se renseigner, trouver des idées de plats pour bébés et cuisiner, surtout dans nos vies bien remplies.
C’est en partant en week-end avec ses amies américaines qu’elle a le déclic : « Aux États-Unis, l’alimentation pour bébés est souvent vue en noir ou blanc : soit les parents font tout maison – c’est ce que nous font croire les réseaux sociaux -, soit ils achètent des ‘pouches’, gourdes pour bébés. La réalité est que nous sommes tous en train de faire de notre mieux, et on peut très bien faire les deux », raconte Lucie Thomé. En parlant aux jeunes parents, elle se rend compte qu’ils sont prêts à dépenser pour avoir des recommandations d’experts et des recettes appuyées. Bébé Foodie est né.
Lucie Thomé a lancé sa plateforme il y a quelques mois et, pour gagner du trafic, a publié du contenu gratuit. Pour cela, elle s’est entourée d’une équipe de spécialistes (pédiatre, allergologue, nutritionniste, chef etc), répartis partout dans le pays. Elle collabore aussi avec plusieurs marques comme Little Spoon, les laboratoires Boiron ou encore Yuka, et contribué au blog de l’application à la carotte.
Bébé Foodie se concentre pour le moment sur la tranche d’âge clé de 4 à 18 mois. En particulier, la diversification alimentaire entre 4 et 7 mois, sujet casse-tête pour les jeunes parents : comment introduire les aliments et mettre en place une routine. La plateforme donne aussi des recommandations pour les « picky eaters », ces enfants difficiles avec qui il faut présenter les aliments, et dont il faut développer la curiosité avant tout chose. Ou encore des recettes alternatives, saines et nourrissantes, comme la purée tomates et aubergine, ou le muffin au butternut squash. Lucie Thomé est sur le point de lancer son application, déjà disponible en beta testing. Elle coûtera 14,99 dollars par mois, ou 89,99 dollars par an. Pour poursuivre sa mission, elle est en train de mener une levée de fonds de 500.000 dollars, dont elle a déjà collecté près de la moitié.
Entre France et États-Unis, celle qui habite à New York depuis 17 ans et est devenue américaine tout récemment, ne veut pas choisir. « Mon objectif est de prendre le meilleur des deux mondes et réconcilier les deux cultures. D’un côté, ne pas céder à la culture du snack ici, mais de l’autre, répondre au besoin de flexibilité pour s’adapter à aux contraintes et aux quotidien des parents », explique-t-elle. Pour les collations par exemple, un seul snack par jour suffit jusqu’à 16-18 mois, avant de pouvoir passer à deux.
Elle apporte cette French Touch tant envié par les Américains : être plus spontané et suivre son instinct, plutôt qu’une recommandation stricte d’alimentation autonome par le bébé (« baby-led weaning »), en opposition à la cuillère. Son message est surtout déculpabilisant : « Élever des enfants est difficile et l’un des principaux challenges est le manque de temps. Je veux soulager la pression qui pèse sur les parents pour que ce soit une expérience de vie joyeuse, que l’on en garde que les bons souvenirs ».