“Ca s’est fait un peu malgré moi, j’étais tellement fascinée par cet univers, mon désir était tellement fort que ça réveillait le désir chez ceux à qui j’en parlais“. Pour son premier film, “Augustine”, la jeune réalisatrice Alice Winocour a fait fort.
L’histoire, celle du célèbre professeur Charcot et de sa patiente hystérique Augustine, est devenue une obsession. “Je revenais toujours vers ce sujet, j’étais habitée par cette histoire. J’ai beaucoup lu, fait beaucoup de recherches et essayé ensuite de tout oublier pour aller vers la fiction. J’y ai vu également l’occasion d’exprimer un point de vue féministe, que je pouvais parler du regard que les hommes portaient sur les femmes à cette époque là“.
Le résultat est saisissant. Le Paris brumeux et inquiétant de la fin du XIXè siècle crée une atmosphère unique. Le film, qui ne quitte presque jamais l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, ne ressemble en rien aux canons de la production française actuelle. “On était tellement ovniesque que finalement ça nous a aidé“, raconte Alice Wincour, dont le film a été nominé deux fois lors des derniers Césars (dans les catégories “Meilleure première oeuvre” et “Meilleurs costumes”).
La rencontre avec Vincent Lindon, l’acteur principal, est une autre histoire, au moins aussi surréaliste. “Je l’avais vu dans “Pater”, je l’avais trouvé très crédible en homme de pouvoir, très puissant, très fort, dans ce rôle de Premier Ministre. J’ai envoyé le scénario à son agent et trois jours plus tard, mon téléphone sonne, c’était Vincent Lindon à l’autre bout du fil, qui me disait qu’il avait adoré le scénario et qu’il voulait le faire. J’étais sûre que c’était un canular“. Il faut croire que non. Le choix de Soko, l’actrice/chanteuse qui vit à Los Angeles, en revanche, a été plus long. “J’ai vu 300 filles avant de rencontrer Soko. Elle a vraiment cette espèce de naïveté et de force intérieure. Dès que je l’ai rencontré, j’ai su que c’était elle“.
Ce premier film est réalisé sans concession. “J’ai pris du plaisir à tourner, ce que je ne pensais pas possible avec tous les enjeux et la pression qu’il y avait. Je me suis senti très calme dans la tempête“. A l’écran, le résultat est probant.