Chez Audrey Peverelli, il n’y a pas de langue officielle. Née en Argentine et scolarisée au Venezuela, elle parle “français, parfois espagnol” avec son mari suisse rencontré au Canada. Leurs enfants ? Ils parlent, comme elle, le français, l’espagnol, le portugais et l’anglais. Des langues qui reflètent les pérégrinations de cette famille de globe-trotteurs qui a vécu à Paris, Lausanne et São Paulo notamment.
“Quand nous vivions dans un pays anglophone, nous parlions en français aux enfants. Quand on était dans un pays francophone, on leur parlait anglais. On s’est adapté aux circonstances“, dit-elle (en français).
Audrey Peverelli a posé cette année ses valises à New York, où elle est devenue en août le nouveau proviseur du Lycée français de New York. Elle remplace Sean Lynch, parti diriger une école à Hong Kong au terme de sept années marquées par la modernisation et l’extension de l’école. C’est la deuxième fois dans l’histoire de l’établissement privé de 83 ans qu’une femme est aux commandes – la première fut Ghislaine Hudson, de 1998 à 2001. “Je connaissais Sean Lynch. Je savais que le Lycée français de New York n’était pas n’importe quelle école. C’est une référence dans le milieu“, raconte-t-elle.
Audrey Peverelli est arrivée dans le monde de l’éducation après avoir étudié la psychologie infantile. “Je suis entrée dans l’éducation par un concours de circonstances. Mon mari voyageait beaucoup pour sa carrière. Je suivais et je créais ma carrière au fur-et-à mesure“, explique-t-elle. Elle avait toutefois un “intérêt particulier pour la création de nouvelles structures scolaires“. Ayant elle-même suivi une éducation bilingue (anglais-espagnol) à Buenos Aires et Caracas, elle n’avait pas besoin d’être convertie aux bienfaits de l’enseignement plurilingue.
En 1992, installée en France, elle lance une école bilingue Montessori, suivie un an plus tard de l’Ecole internationale de Marne-la-Vallée pour servir les enfants des travailleurs anglophones venus ouvrir le parc d’attractions EuroDisney. Elle ouvrira par ailleurs une école Montessori au Venezuela et deux écoles internationales en Suisse.
Dans ce parcours entre plusieurs continents, la France occupe une place particulière, et pas uniquement parce que l’une de ses filles est née à Lyon. En 2002, elle rentre à l’International School of Paris (ISP) comme directrice du primaire. Elle prend les rênes de l’ensemble de l’établissement six ans plus tard jusqu’en 2013. “Il y a 68 nationalités différentes au Lycée français. Il y avait la même diversité à l’ISP. Il faut prendre en compte toutes les perspectives des élèves. Un Chinois, par exemple, va compter ou faire une multiplication différemment d’un Pakistanais“.
Le Lycée français de New York, qui compte près de 1.400 élèves, n’a pas lésiné sur les moyens pour trouver un successeur à Sean Lynch. Audrey Peverelli, qui habitait en Suisse lorsqu’elle a été repérée, a fait partie de 80 candidats du monde entier à avoir été considérés pour le poste. La transition a commencé il y a un an. “J’ai fait plusieurs voyages avant de m’installer pour faire une transition tranquille“.
Parmi les dossiers qui attendent le nouveau proviseur: la nouveau baccalauréat, dont le contenu sera connu en décembre, et l’ouverture de la nouvelle maternelle du LFNY à la rentrée 2019. Pour le reste, elle hérite des chantiers initiés sous le plan stratégique pour 2015-2020. Ce plan comporte une série d’objectifs liés au soutien des élèves, la pédagogie, la formation des enseignants et la création d’infrastructures. “Beaucoup de chantiers ont été entamés en trois ans”, observe-t-elle. Sa philosophie: “Tout ce que nous faisons doit être lié à la mission de l’école. Cela ne sert à rien de faire des choses qu’on ne peut justifier vis-à-vis de cette mission“.