Inaccessible, la danse contemporaine ? Pas pour Etant Donné.
Originaire de Rouen, la compagnie a présenté cette semaine aux élèves et aux parents du Lycée Français de San Francisco deux de ses œuvres. Produit par le lycée, l’événement a reçu l’aide du Consulat de France à San Francisco et de la French American Cultural Society.
Avec “Papotages”, le public a pu découvrir la toute première pièce du duo de chorégraphes Jérôme Ferron et Frédérike Unger, qui date de 2000. Quant à “TU”, il s’agit de leur dernière création, révélée en juillet 2012 au festival d’Avignon. Deux spectacles bien différents : “Papotages” veut montrer qu’“avec le corps, on peut faire sens”. Cette série de saynètes décortique le geste avec humour. “Une œuvre de jeunesse… Avec le recul, dans cette pièce, il y a matière à en faire trois !”, sourit Jérôme Ferron. Plus grave, plus minimaliste, “TU” est une montée en tension autour de la rencontre surprenante de deux capuches, “un exercice du regard qui interroge ce que l’on croit être le même”, précise le chorégraphe.
Si Etant Donné a atterri à San Francisco, c’est grâce à l’invitation de Pierre Leloup, directeur du théâtre Raymond Kabbaz. Qu’il s’agisse de “TU” ou de “Papotages”, le but est de casser les a priori des spectateurs sur la danse contemporaine. “Quand on parle de concept en art, souvent les gens croient que c’est très intellectualisé. C’est à nous de trouver la forme juste. Ce ne sont pas des spectacles “pour des connaisseurs, poursuit-il. Mon ambition ultime, c’est que le spectateur, sur le moment, sente que le spectacle est autant en lui que sur scène”.
“Papotages” ayant dépassé les 1.000 représentations, Jérôme Ferron s’avouait “décomplexé”, mais plutôt curieux des réactions engendrées par “TU”. Résultat ? Si ce dernier a laissé le public du LFSF plutôt intrigué, “Papotages” a provoqué rires et applaudissements tout au long de la représentation. Certains ont même chuchoté à la sortie : “ça donne plein d’idées à reproduire avec les enfants”. Une remarque qui fera sans doute plaisir à Jérôme Ferron. “Etre artiste dans la société d’aujourd’hui, ce n’est pas juste monter sur scène, dit-il. C’est pouvoir le faire partager, faire comprendre quel travail ça représente, et pourquoi pas susciter des vocations !”