Revue de presse. « Les images [diffusées dans les médias] incarnent le cauchemar actuel des Européens : vous êtes au supermarché, sur le chemin du travail ou à la porte d’embarquement d’un aéroport – et soudain, cela prend fin» . Ecrivaine et chroniqueuse à Paris pour le New York Times, Pamela Druckerman tente, dans un article publié le 25 mars et intitulé “Je suis sick of this”, de sonder le traumatisme causé par les différents attentats qui ont meurtri la France et la Belgique ces derniers mois.
Un médécin-urgentiste parisien lui a expliqué qu’au moment des attaques du 13 novembre, nombre de ses collègues n’avaient jamais – ou très rarement – vu de blessures par balles. Selon le Global Burden of Disease Study, il y aurait huit fois moins d’homicides par armes à feu en France et en Belgique par rapport aux États-Unis, pour le même nombre d’habitants. “Juste après les attaques, il est facile de dire que tout semble différent, explique l’écrivaine. Les gens sont horrifiés, les parents gardent leurs enfants à la maison…”
Face à la menace, Américains et Français ont des réactions différentes, note-t-elle. « Les Français semblent particulièrement déterminés à ne pas trop changer. Par exemple, l’année dernière, alarmée par les journaux qui disaient que les écoles pourraient être la cible d’attaques futures, j’ai envoyé un e-mail au comité des parents de l’école de mes enfants. En raison de la menace, j’ai suggéré que nous nous réunissions pour discuter de la stratégie pour augmenter la sécurité. Quand j’ai remarqué que quasiment personne ne me répondait, je me suis demandée si j’avais eu une réaction exagérée typiquement américaine. Le directeur de l’école m’a alors dit qu’il ne pensait pas que des changements étaient nécessaires. Quelques mois plus tard, un groupe de parents s’est réuni pour discuter d’une autre crise : les élèves de CE1 n’avaient pas appris à conjuguer le verbe “être”. “
A travers des observations et des témoignages de personnes qu’elle cotoie, elle brosse toutefois le portrait d’un pays sur ses gardes. Elle-même l’est davantage. “Je fais constamment des calculs : cela vaut-il la peine de prendre le risque pour aller voir un film ? Devrais-je laisser mes enfants prendre le métro pour aller à leur entrainement de football ?”
La chroniqueuse n’accueille plus beaucoup de visiteurs. Une amie venue lui rendre visite de New York lui a dit que son voyage à Paris était un acte de solidarité. Et sa mère lui a demandé de quitter la France. “Les Français apprennent à vivre avec plus de sécurité. Des agents de sécurité fouillent maintenant les sacs à l’entrée des cinémas et des supermarchés. Les lycéens sont autorisés à fumer dans la cour d’école pour ne pas créer d’attroupement devant les portes.”
Elle conclut avec la une du journal du Parisien, qui titrait “Ce qu’il faut changer maintenant.” “La vérité est que beaucoup de choses ont déjà changé pour tout le monde ici. ”