En rendez-vous, Philippe Courtois ne vient pas les mains vides. Il est fier de montrer à son interlocuteur une plaquette de présentation de sa société, Atelier Première, sur laquelle figure en bonne place un message de remerciement signé Barack et Michelle Obama. “Merci encore, pour la générosité et le savoir-faire que vous avez mis dans ce projet. Nous vous souhaitons le meilleur.”
Le projet en question, c’est un chantier au Bureau Ovale – rien de moins – qu’Atelier Première a entrepris en 2012. La société, spécialisée dans la peinture et la peinture décorative, était chargée des finitions. Un travail “simple“, selon Philippe Courtois, qui dirige la société depuis un an, un brin casse-tête – “l’environnement sécuritaire était un peu galère” – mais hautement symbolique. Le genre de projet qui aide à trouver des clients. “ Obama a dû changer de bureau, glisse le patron. Il était assez content du travail.”
Lancée il y a sept ans, Atelier Première est la filiale new-yorkaise du groupe parisien L’Atelier Mériguet-Carrère, qui a travaillé sur l’Elysée, Versailles et l’Opéra Garnier pour ne citer qu’eux. Elle compte aujourd’hui une cinquantaine d’employés et des projets dans les coins les plus guindés des Etats-Unis (Greenwich, Palm Beach, les Iles Caïman, Malibu…)
Le président américain n’est pas la seule star à figurer dans sa clientèle. A New York, l’animateur de télévision Arthur (qui a un appartement à SoHo) a fait appel à ses services, de même que de richissimes new-yorkais sur lesquels Philippe Courtois préfère rester discret. On retrouve parmi eux un financier milliardaire, de grands patrons, un maire…
Les peintres d’Atelier Première travaillent également sur One57, le gratte-ciel en chantier de Christian de Portzamparc qui va se dresser sur 75 étages au-dessus de Central Park. “On travaille parfois dans des appartements qui sont le ‘Met puissance 50’“, s’exclame Philippe Courtois. La décoration est un enjeu social aux Etats-Unis. On fait des cocktails chez soi, on reçoit… La décoration fait partie de soi.”
La petite filiale a fait le pari du savoir-faire français pour se distinguer de ses concurrents. Pour créer du faux-bois ou du faux-marbre plus vrai que nature, les peintres vont appliquer plusieurs couches d’enduits très fines afin de gommer les imperfections. Une technique peu usitée aux Etats-Unis, explique Philippe Courtois. “Il y a peu de patrimoine aux Etats-Unis, analyse-t-il. C’est simple: le pays dans le monde qui fait de la peinture décorative, c’est la France !”
Les New-Yorkais auront l’occasion de découvrir par eux-mêmes le travail de ces magiciens du pinceau. Ces derniers ont assuré la décoration d’Albertine, la nouvelle librairie française qui ouvre au public le 27 septembre, dans les locaux des Services culturels de l’Ambassade de France. On leur doit notamment le plafond du 2eme étage, recouvert d’une toile circulaire représentant le système solaire (photo). “C’est un échantillon de ce qu’on peut faire“, souligne Philippe Courtois, dont le rêve est de travailler sur “un appartement dans le nez du Chrysler Building“. A bon entendeur.