Chaque année, le « Ball drop » de Times Square est suivi par des millions d’Américains depuis le confort de leur sofa, avec, pourquoi pas, une coupette de champagne ou de mousseux.
Ce 31 décembre 2021, Dylan Maillé n’en faisait pas partie. À l’insistance de sa copine de l’époque, ce jeune pilote de ligne a décidé « un peu à l’arrache » de rejoindre la foule compacte massée au cœur du « carrefour du monde » pour assister au grand spectacle. « On était tellement serrés qu’on ne pouvait pas faire un pas ou lever les bras. Une bagarre a même éclaté à quelques mètres », se souvient le Français qui habite en Floride. Au total, l’attente a duré un peu plus de trois heures. « Quand minuit est arrivé, c’était la libération. Je me suis dit: enfin, elle est tombée, on va pouvoir partir ! ».
Les New-Yorkais tendent à fuir Times Square toute l’année, mais c’est particulièrement vrai le 31 décembre. Car si les images du Réveillon font rêver à la télévision, c’est une autre histoire quand on est sur place. En plus des températures et des éléments peu cléments à braver, les courageux sont priés d’arriver plusieurs heures en avance s’ils veulent avoir une bonne vue sur la boule, perchée au sommet de la tour One Times Square. Sur son site, la Times Square Alliance rappelle que les festivités commencent dès 6pm.
En outre, les consignes de sécurité sont draconiennes. Les sacs-à-dos et les chaises pliantes sont interdits, tout comme l’alcool. Et, bien sûr, il y a la question épineuse de l’accès aux toilettes : il n’y en a pas. En cas d’envie pressante, il faut donc sortir du périmètre sans être sûr de pouvoir y retourner. Or, il est recommandé de boire de l’eau en grande quantité pour éviter la déshydratation liée au froid…
« J’ai entendu une légende qui disait qu’il valait mieux mettre des couches… », raconte Philippe Cabridens, un Français de Harlem. Avant d’assister à la chute de la boule en décembre dernier, il était plutôt du genre à préférer rester au chaud le 31. Mais c’était sans compter une invitation offerte à son mari pour rejoindre une zone VIP qui permettait de profiter du Hard Rock Café de Times Square et de sortir pour voir la sphère glisser sur son mât. Avec un concert du groupe de rock Duran Duran en prime.
« Le passage de la sécurité était difficile car on était vraiment au coude-à-coude avec tout le monde, mais ça ne retire rien à la magie du moment. Il faut juste être au courant », poursuit-il. Malgré la pluie, il garde de son réveillon un souvenir fort. « Tout le monde chantait le ‹ New York, New York › de Sinatra. Il y a aussi eu une pluie de confettis qui ondulait au vent… C’était incroyable ».
Pour sa part, le peintre-décorateur Nicolas Garnier s’est rendu seul à Times Square à son installation à New York il y a dix ans, mais, arrivé tard, il n’avait rien vu. Il était tenté de renouveler l’expérience cette année avec son mari sans avoir à « camper pendant vingt quatre heures », mais ils se sont ravisés. « On a envisagé de prendre une chambre d’hôtel avec vue sur la boule ou de trouver un restaurant, mais les tarifs sont complètement délirants », souffle le Français.
D’après le site BallDrop.com, les prix au R Lounge, situé juste en face de One Times Square, s’échelonnent entre 1 950 dollars et 7 000 dollars (pour une table pour deux au premier rang). À noter que l’établissement invite ses clients à manger un repas complet avant de venir car la soirée est conçue comme « un événement nocturne, pas une soirée gastronomique ». La table pour six au grill Applebee’s du coin part, elle, pour plus de 600 dollars minimum. De quoi bien commencer l’année.
Malgré l’inconfort, Dylan Maillé se souvient de conversations « marrantes » avec les gens autour de lui – des touristes pour l’essentiel. « On se demandait si on ne faisait pas tout ça pour rien ! », rigole-t-il. Par ailleurs, la foule dense a au moins l’avantage de bloquer le froid mordant environnant. « C’est quelque chose à faire au moins une fois dans sa vie, dit-il. Par contre, si on est en famille avec des enfants en bas-âge, qui doivent aller aux toilettes souvent, ou des personnes âgées, je ne le recommande pas du tout. En cas de malaise, je pense même que c’est compliqué pour les secours de se déplacer ». Le referait-il ? « Il faudra me supplier ! ».
« Il faut être jeune et accompagné d’un bon groupe de potes, conclut Nicolas Garnier. Pour les courageux, je le conseille vraiment. Il faut juste être prêt à passer des heures sans boire ni pisser dans le froid ». 2024, ça se mérite.
Si vous envisagez de passer le Réveillon à Times Square, consultez le FAQ de la Times Square Alliance