La période est décidément très porteuse pour les startups de la French tech qui ont de grandes ambitions aux États-Unis. Cette fois, c’est Artur’In, un outil de gestion marketing pour les TPE et les PME, qui a bouclé une levée de fonds de série B de 42 millions d’euros, auprès du fonds américain Providence Strategic Growth. « Nous avons lancé notre activité aux États-Unis fin 2019, et je me suis installé à Washington comme cofondateur. Ces fonds vont nous permettre de poursuivre notre croissance », explique Eric Lauer, CEO US d’Artur’In.
Artur’In compte de grands noms de l’entrepreneuriat français parmi ses fondateurs : Dan Serfaty et Thierry Lunatti, les deux cofondateurs de Viadeo, mais aussi des anciens de Groupon et de Rocket Internet. Eric Lauer a de son côté été un des dirigeants de Jumia, une marketplace qui est devenue la première licorne africaine, avant de rejoindre l’aventure Artur’In. La jeune pousse a développé un outil d’intelligence artificielle, appelé Artur, pour automatiser et optimiser la communication en ligne des TPE et PME. De petites structures locales qui n’ont pas le temps ni le budget pour investir dans leurs réseaux sociaux. Fondée en 2016, la jeune pousse a rapidement adressé plusieurs secteurs en France puis dans plusieurs pays en Europe : assurance, fitness, comptabilité, automobile, immobilier etc. Mais pour attaquer le marché américain, elle a dû adapter son approche. « Contrairement à la France, le marché d’automatisation marketing pour les TPE existait déjà aux US. Nous avons cherché à nous différencier avec une personnalisation plus poussée », raconte Eric Lauer.
L’équipe dirigeante a également modifié son mode opératoire pour s’adapter à ses clients américains. Tout d’abord, elle a décidé de se focaliser sur le marché des « brokers » immobiliers indépendants qui sont plus de 2 millions aux États-Unis, et des agences immobilières. Elle facture entre 199 et 399 dollars par mois pour des agents individuels, et a des prix sur mesure pour les équipes. Ensuite, la réaction des prospects a été différente de l’Europe. « Nous avons eu beaucoup plus de demande entrante sur Google aux États-Unis, ce qui montre la maturité de ce marché. Côté commercial, l’expérience est plutôt terrain en France alors qu’ici, les démos comme les contrats peuvent se faire à distance, sur Zoom ».
Artur’In s’est lancé aux US juste avant la crise Covid, mais elle s’est avéré être un accélérateur de croissance, car les agents immobiliers ont eu plus besoin que jamais de présence en ligne pour se faire connaître, et mieux communiquer avec son audience. « En l’absence d’événement pour entretenir son réseau, nos clients ont plus que jamais besoin de visibilité et de services d’automatisation de leur présence en ligne ». Dans ce contexte pourtant difficile, Eric Lauer a été impressionné par la réaction et la résilience des américains. « Le positivisme américain est très porteur et contagieux. Ils ont un grand appétit pour tester un nouveau service : si on leur montre que cela apporte un bon retour sur investissement, ils laissent leur place à ses startups qui ont des services innovants ».
La croissance du marché américain a aussi été corrélée à la levée des restrictions sanitaires, qui a permis la reprise des transactions immobilières. Pour l’accompagner, Artur’In a prévu de recruter localement, comme il l’a déjà fait avec son directeur commercial, débauché chez Yelp. Il va désormais muscler son département commercial et de services clients sur place.