Art Basel Miami Beach se termine. La foire devrait attirer cette année encore des milliers de visiteurs. Le gotha de l’art contemporain, amateurs ou simples curieux viennent des quatre coins du monde pour scruter le marché de l’art et se rencontrer.
Les affaires s’annoncent bonnes. Marc Spiegler, le directeur d’Art Basel, a annoncé que 100% des galeries présentes en 2013 étaient revenues en 2014 et prévoit un record de ventes et de fréquentation pour cette édition.
Si plus de 20 foires parallèles sont installées dans toute la ville en plus d’Art Basel (Art Miami, Untitled, Design Miami etc), certaines attirent plus l’attention que d’autres, à l’image de NADA (New Art Dealer) consacrée à la promotion des jeunes artistes.
Les collectionneurs et leurs conseillers s’y bousculent pour repérer les talents émergents et acheter avant que les prix ne s’envolent. Mais qui dit jeunes ne dit pas forcément inconnus, certains artistes ayant déjà une certaine notoriété, à l’image de la française Lili Reynaud-Dewar, exposée dans la très branchée galerie new-yorkaise Clearing d’Olivier Babin, ou encore à Paris chez le célèbre Kamel Mennour.
La tendance est à la collaboration entre artistes, comme l’explique Isabelle Kowal, galeriste et collectionneuse installée entre New York et Miami : « Les jeunes artistes se rassemblent de plus en plus en collectifs et laboratoires d’idées. L’art n’est plus une œuvre individuelle mais le résultat d’un travail commun, où l’on partage bien plus qu’un espace ou des moyens de communication ».
Au Convention Center de Miami Beach, Art Basel se déroule dans une ambiance plus policée mais tout aussi frénétique. Les clients sont là, et achètent. Patrick Letovsky, conseiller chez Art Visory à New York, commente : « Les foires, c’est le moment de vendre et d’acheter. Pour les galeries c’est un moment clé car elles réalisent environ 80% de leurs ventes annuelles ».
“Plus en plus de businessmen”
Les galeries les plus célèbres sont présentes : White Cube, Zwirner, Hauser & Wirth, Gagosian, Metro Pictures, et bien entendu le Français Emmanuel Perrotin, qui a notamment fait de Takashi Murakami la star que l’on connaît aujourd’hui. Installée pendant quelques années à Miami, la galerie Perrotin est désormais présente à New York, Hong-Kong et Paris. Lucien Terras, directeur de cette dernière à New-York, confie qu’«Art Basel de Miami est un rendez-vous immanquable mais aussi une destination historique pour nous. Nous sommes présents depuis la première édition et travaillons de plus en plus en partenariat avec des institutions locales telles que le Bass Museum, qui présente cette année le travail d’un de nos artistes, Jean-Michel Othoniel ».
Ce dernier, célèbre pour ses sculptures de verre exposées à Beaubourg et dans le monde entier, a d’ailleurs fait le déplacement à Miami, où il a habité quelques années, et fait partie des habitués d’Art Basel. Il nous confie son attachement à la ville, tout en offrant un point de vue radical sur l’évolution de la foire : « J’aime beaucoup South Beach, son architecture, ses lumières et ses couleurs. Les mondes s’y mélangent et la venue d’Art Basel a permis à la ville d’exploser sur le plan international. Mais l’événement rassemble de moins en moins d’artistes et de plus en plus de businessmen. Les gens sont dans une bulle et l’hystérie collective les empêche de découvrir la ville ». Il conclue : « Je trouve dommage que Miami soit vécue comme un décor, alors qu’elle a été pour moi une vraie source d’inspiration ».