Je ne comprends pas. J’ai toujours été un homme pétri de certitudes, laissant aux autres le soin de se compliquer la vie avec des questions existentielles souvent dénuées de réponses.
Cadre supérieur depuis six ans au sein d’une entreprise française basée à New York, marié avec deux enfants en bas âge, je peux dire sans forfanterie aucune qu’à partir du Bac, j’ai réussi tout ce que j’ai entrepris sans trop forcer. Dès qu’une opportunité professionnelle ou personnelle s’est présentée à moi, je m’en suis emparé à l’instinct et ne l’ai jamais regretté, fonçant tête baissée, ceci jusqu’à aujourd’hui. En effet, sur le point de rentrer à Manhattan après de belles vacances passées en France en famille, je doute de tout et de rien, je n’ai plus aucune certitude sauf celle d’être perdu comme un naufragé seul en plein milieu de l’océan.
Suis-je vraiment heureux à New York ? Ma vie est-elle meilleure ici qu’en France ? Est-ce que tout l’argent que je gagne vaut la peine de me retrouver si loin des êtres qui me sont chers et de ma culture ? Je ne sais plus, je ne sais pas. Au secours, je sombre alors que je ne devrais pas…ou le devrais-je ?
Ce sentiment de confusion n’est pas nouveau. Je crois bien que cela a commencé il y a un an et demi alors que je revenais du mariage de mon cousin. Lui et son épouse avaient organisé une fête champêtre “à la française” comme j’aime et, dans l’avion du retour, j’avais été pris d’une crise d’angoisse. “Mon Dieu, je rentre à New York avec la terrible impression que chez moi n’est płus chez moi, que chez moi c’est là-bas, le pays que je viens de quitter !”
Avec le boulot, la famille et les amis, j’avais vite oublié cette panique qui m’avait subitement envahie la cataloguant ni une ni deux dans la section “problèmes de riches”. Hélas, tous mes voyages suivants en France m’ont fait le même effet, version exponentielle. J’ai essayé à l’époque de comprendre ce qui m’arrivait en en parlant à ma femme, à des collègues de bureau et même à un psy, mais la culpabilité de douter de l’utilité d’une vie que nombres m’envient avait pris le dessus. “Arrête de te plaindre, New York c’est génial, point barre”.
Aujourd’hui, dans la salle d’embarquement du vol AF007 en route pour une destination qui parfois me donne des cauchemars , je sais que mon malaise doit être géré sérieusement. Ceci dit, malgré ma boule au ventre, je sais que je vais m’en sortir, surtout depuis la discussion que j’ai eu avant-hier soir au resto avec Marc, mon ami d’enfance. “Tu as toujours été quelqu’un qui a suivi les autres comme un toutou, et pour les rattraper puis les dépasser, une façon de soigner ton ego sans doute, tu n’as eu de cesse d’être meilleur qu’eux”. Sur le coup sa réflexion m’avait bien gonflé, mais une cigarette et quelques verres plus tard, ma vie avait défilé sous mes yeux et j’avais dû admettre que mon vieux copain n’avait pas tort.
Au lycée, j’ai choisi la voie scientifique car tout le monde dísait que la voie littéraire était la voie de la loose. J’ai eu mon BAC S avec mention. J’ai fait Sup’de Co’ parce que Marc m’a convaincu que ça allait bien faire sur un CV. J’ai fini mes études au top de ma classe. J’ai enchaîné sur un MBA à Columbia car celle qui allait devenir ma femme venait juste de s’y inscrire et, après trois années à trimer dans ma boîte à Paris, j’ai accepté d’être muté à New York car tous mes collègues en rêvaient !
On peut dire ce qu’on veut, mais ce dîner avec Marc, sans exagérer, a été une vraie révélation pour moi. Toute ma vie, je me suis conforté dans l’idée que j’étais un homme pétri de certitudes alors qu’en fait j’ai vécu la vie des autres et ceci sans m’en rendre compte.
Quand je me pose maintenant la question “qu’est-ce tu veux dans la vie ?”, je suis incapable de répondre directement. Je pense à ce que ma femme, mes enfants ou ma famille répondraient à ma place ! C’est terrifiant de se l’avouer, mais la vérité est que je n’ai jamais su qui j’étais vraiment et venir à New York, loin de mes racines et de mes habitudes a exacerbé ce mal-être sous-jacent. Pour m’en sortir, pour arrêter de me sentir de plus en plus angoissé quand je rentre de France, je ne vois qu’une solution apprendre ou re-apprendre qui je suis, ce qui au final m’ouvrira les yeux sur la vie que je souhaite réellement.
0 Responses
moi c’est le contraire quand je rentre de France je suis ravie de retrouver ma vie. Je reside de l’autre cote du GW bride et donc je suis souvent a NYC. Ma vie est aux USA, famille, amis docteurs etc. La vie en France est totalement differente.
Donc, grosses bises à tous les bretons et bretonnes de NYC et d’Amerique (du Nord bien entendu). Milodiou occitan de Caroline du Nord
Je suis dans votre cas de figure. 2 enfants de bas âge, super boulot de direction dans une bonne boîte, acheté un bel appart upper East side. Mais après 10 ans sur place, je n’en peux plus pour des raisons qui m’échappent. On déménage en France fin avril, sans filet de sécurité, sans rien qui nous attend sur place. Ma femme ne parle pas français. Tout ce que je sais, c’est que si je ne tente pas le retour maintenant, je le regretterai toute ma vie, quitte à me casser les dents.
N’hésitez pas à me contacter pour échanger, ça pourrait être intéressant !
Bheu
NY semble bien stressant
Nous sommes venus a LA il y a 14 ans
Il faut faire attention a bien choisir ou l’on vit rapport aux embouteillages qui sont vite monstrueux, mais on peut s’y faire une vie tres agreable.
La nourriture disponible (pour cuisiner) est extraordinaire.
Bon courage pour la France. Nous avons essaye un retour un an durant il y a 4 ans et il y a des trucs qui font un choc.
Je suis heureuse pour vous que vous puissiez retourner en France. Je suis Japonaise/Américaine mariée avec un français et j’ai vécu 14 ans en France ensuite 6 ans en Suisse. J’étais si heureuse en Suisse comme nous n’étions pas trop loin de la France. Nous avions la meilleure de deux pays. Et aujourd’hui j’habite à Irvine, Californie.
Je rêve de retourner en Suisse mais j’attends que ma fille (qui a été née à Lyon) termine ses études (elle a encore deux ans de l’université)
Quand je suis arrivée en France, je ne parlait pas un mot de français mais j’ai pris des cours de français à Lyon II. Au bout d’un an, on arrive d’avoir une conversation basique. Pour votre femme, je pense le meilleure chose à faire est d’apprendre la langue dans une université française ou à Alliance Française, ils ont plusieurs écoles partout en France. Pendant mes séjours à Paris, j’ai travaillé dans une boite de Relocation qui aider les Expats et entant que conseilleur, j’ai chercher les cours du français pour les épouses.
Bon chance à vos nouveaux vies au pays de bon nourriture!!
Et moi, je suis français eurasien ne en Indochine émigré aux USA depuis 26 ans ,l’Allemagne 1 an sous les drapeaux , la Suisse, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre , le Québec. Parmis tous ces pays d’ou j’ai vecu , je dois avouer devant cette belle assemblée que le plus beau pays du monde , c’est bien la FRANCE ou j’ai grandi et reçu une bonne éducation dans le Sud Ouest , avec ses produits de terroir incomparables , son histoire , sa diversité de cultures et j’en passe . Avec la tête basse, je compte bien y retourner et écrire un livre sur mes erreurs de jeunesse.
Grosses bises a tous les eurasiens de France et à bientôt. Milodiou occitan de Caroline du Nord
Comme le monde est petit! Moi aussi j’habite Irvine en Californie. Je rêve de revenir habiter en France dans mon Maine et Loire natal avec ma fille en bas âge et mon amoureux pour y ouvrir une taqueria, mais mon compagnon (qui est Mexicain) n’est pas très emballé.. Malgré le confort de vie et le climat idéal, il me manque ma famille et la chaleir humaine… je vois bien que mes amis en France profitent plus de la vie…
Je comprends cette angoisse et ces incertitudes. Je vis à New York depuis vingt ans; divorcée, pas d’enfants, une vie professionnelle qui prend sur tout, retrouver quelqu’un quand la moitié des mecs à Manhattan sont homos ou bi et que l’autre moitié recherche des nanas qu’ont facilement dix a quinze ans de moins que moi, que 90% de mes “dates” sur Match ne me rappellent jamais alors que tout le monde me dit que je suis bien, intelligente, pas mal comme femme qui vient de prendre cinquante ans… on se pose de sérieuses questions! À New York désolée mais on mange hyper mal ET ça vous coûte facilement trois fois plus cher qu’en France! Au final, suis-je heureuse aux États-Unis? Non. Je regrette d’être venue ici, je suis convaincue que j’aurais pu avoir la vie de famille de mes rêves que j’ai raté ici, combien même si je gagne bien ma vie et que je suis indépendante, le bonheur ce n’est pas qu’une question d’opportunités professionnelles!
Je vis en Caroline du Nord en qualité d’artisan d’art depuis 26 ans et la bouffe est super déguelasse comparé à New York ou l’on trouve plus facilement des produits de France. J’ai eu reve de conquérir l’Amerique durant toute mon enfance aussi j’ai eu cette idée folle un jour de partir outre Atlantique avec tout le barda , mon épouse et meme mon chien. Il y a des hauts et des bas avec des changements spectaculaires à se peter le cerveau et c’est la véritable monnaie de ce pays qui se plonge de plus en plus dans l’incertitude pour décorer le tout. Le pire c’est la nuit quand je rêve , bien pus souvent de revenir en France ou tout est mesuré mais c’est au réveil que je me rend compte que je suis au pays de l’oncle Sam ou plutôt Trump. Malgré les “si” , les “mais” et les “alors “, je me console quand même quand mes 5 petits enfants viennent nous voir à notre maison dont je n’ai pas fini de payer. Pour conclure , il faut aimer “gambler” comme dans les casinos ou bien se marier avec un milliardaire ne dans ce grand pays pour y rester. Milodiou occitan de Caroline du Nord
Où habitez vous en NC? J’y ai vécu 2 ans. Experience inoubliable pour le bon et le moins bon
J’habite à Raleigh depuis 26 ans en tant qu’artisan d’art dans les rénovations. Au début ça allait relativement bien, mais à l’heure actuelle tout a changé à une vitesse grand V , c’est comme un sunami qui dévaste tout sur son passage. L’individualite n’est pas accepté ici , aussi je suis en train de cogiter pour me délocaliser vers l’Ouest c’est à dire la Californie et en particulier Los Angeles . La bas au moins les français sont mieux vus ( j’entends par la Hollywood) étant donné son côté culturel latin. Mais si c’etait a refaire je viendrais en Amérique pour travailler mais pas pour y vivre , surtout quand on a des enfants , le reste est sans commentaire car mon livre pourrait avoir 4 tomes et je ne pourrais le faire publier qu’en Europe comme certains l’ont fait. Milodiou occitan de Caroline du Nord
Pas de possibilité de retour?
cela fait du bien de lire des Français qui avouent et tentent d’expliquer cette complexe équation, vivre entre deux pays, deux continents, deux cultures. il n’y a rien de pire que “c’est tellement génial!!!” … celui que l’on entend généralement. félicitations à ceux ici plus bas qui livrent qq reflexions intéressantes.
Merci pour les félicitations.
En un mot : on ne vient plus en Amérique , mais on se fait appeler (comme un natif américain me disait agressivement , 26 ans en arrière ). Ou mieux encore avoir un tonton , une tati ou alors se marier avec un ou une natif ne au “pays “. Ici , les gens ne s’interressent pas à ce que vous faite , mais à votre porte-feuille. L’individu n’est plus visé , on n’est plus dans les années 50/60 . A celui où celle qui n’est pas d’accord qu’ils viennent me le dire en face , comme dans le bon vieux temps ou l’internet n’existait pas. Sur ce , Grosses bises de Milodiou l’occitan de Caroline du Nord !
voilà. moi je suis allé là-bas à cause d’un oncle parti là-bas dans les années 50. une sorte de quête perso par rapport à lui. une sorte d’appel. mais jamais eu l’idée d’y vivre toute ma vie. j’y ai fait le fou pendant sept ans, comme DJ à NYC. cela m’a fait un reset énoooorme !!! c’était génial. et je suis rentré.
J’en n’ai jamais critiqué l’Amerique , bien au contraire mais ce que je vois tous les jours m’ecoeure a vif . Ce que je constate , c’est le taux de ”niaiserie” qui m’enveloppe de plus en plus en côtoyant tout milieu surtout chez les plus riches et c’est ca qui est formidable dans ce grand pays. C’est comme si j’essayais de marcher au plafond , mais je n’y arrive pas depuis longtemps .
J’ai souvent pensé de retourner en France , pays de mon enfance . Dans ma petite “bulle “ que j’ai créé , je reçois mes 5 petits enfants de temps en temps et c’est la seule raison qui m’empeche de le faire. Une chose qui me manque cruellement , c’est la bonne nourriture de l’hexagone et les châteaux du Sud -Ouest dont je suis originaire . A se peter le cerveau comme on dit chez nous !
A présent je rêve mais dans un autre sens , l’espoir fait vivre quoiqu’il arrive. Milodiou occitan de Caroline du Nord
Pour donner un point final à notre discussion j’ai à déclarer ce qui suit : ce qui me fait rire le plus au pays de l’oncle Trump , ce sont les français d’Amerique ( du Nord bien entendu )
Cordialement votre
Jean Louis Vaysse artisan de la tradition , Style , Decoration, voir article sur French Morning 2012
Moi, c’est le stereotype de « l’expat’ », qui fonctionne et qui m’amuse.
Ah ça c’est vrai !, comme disait la mère Denis poussant une brouette de linge vers la rivière dans une publicité de machine à laver à la télé dans les années 70. En un mot après avoir bourlingué depuis 26 ans dans tous les recoins de la planète , je dois avouer que le plus beau pays du monde, c’est bien finalement la France et de loin , sans commentaire……. un point c’est tout. Grosses bises de Milodiou l’occitan de Caroline du Nord
Avec un blédard comme Macron, ça donne plutôt envie d’aller en Suisse ou à Dubai.
rien à voir avec le couscous !!! qu’est ce tu viens foutre là avec ton militantisme à trois balles !
Et bien moi je suis écartelé sur 3 pays et continents (Algérien de naissance et par l’éducation, et Américain toute ma vie professionnelle). Avec mon épouse (profil identique), nous avons acheté une seconde résidence a Nice car nous aimons la douce France et la possibilité d’y vivre une vie (mi-retraite, à cheval sur les 3 pays) plus paisible (quand on en a les moyens, bien entendu). Chaque pays a ses charmes (du paysage, culturels, culinaires, économiques, et … humains) et ses inconvénients (politiques, économiques, et … humains). Les 3 sociétés partagents les traits liés à la nature humaine dans toute sa diversité (de la générosité de coeur à la haine raciste/sectaire primaire). Ainsi, le bonheur existe là où on trouve, là où on se sent entouré des personnes que l’on aime, et là où on contribue par notre labeur et notre affection. En fait, notre bonheur est le produit de nos actions et de notre interprétation de la réaction de notre environnement à celles-ci.
12 ans aux US, et c’est interessant, car depuis qqs semaines je me pose la question du retour. C’est peut être du partiellement au contexte politique local, et aussi mes parents qui vieillissent, les amis que j’ai envie de voir plus souvent que qqs jours tous les deux ans.
Peut être également une envie de ralentir. J’ai toujours tres bien gagnée ma vie ici aux US, mais clairement l’argent ca n’est pas tout. Surtout quand on loupe des moments importants pour la famille et les amis restés en France.
Mais maintenant, c’est compliqué, je suis marié avec un américain, qui lui aussi gagne bien sa vie. Difficile de tout casser, et lui imposer ce que je critique ici. Meme s’il dit être prêt a me suivre en France, je ne pense pas qu’il se rende compte de l’impacte de vivre dans un autre pays, avec une langue et culture différente. J’ai l’impression d’être condamné a rester entre les deux… et oui, je me rends compte aussi que c’est un peu un pb de riche. La plupart des gens n’ont pas le choix. Mais ca fait du bien de voir que l’on est pas seul a voir des envies de retour…
En Amérique (du Nord) , il ya les américains et puis les autres …
Milodiou occitan de Caroline du Nord
désolé d être un peu franc . ,mais visiblement votre seul étalon de réussite est l argent que vous gagnez pas les missions accomplies. quand vous vivrez pour vous ( et vos proches) pour d abord accomplir quelque chose qui vous convienne et en second gagner de l argent, vous serez autosuffisant intellectuellement et trouverez votre place. jusque la vous êtes un vagabond.
Très beau post. Je vous conseille de vous connecter sur les groupes Facebook de rapatriés, vous lirez plein d’expériences qui, bonnes ou mauvaises, peuvent vous aider dans votre quête. Pour ma part, c’est en France que je ne me sens plus vraiment chez moi après 17 ans en Californie, mais je suis coincée pour des raisons de parents : je n’y serai jamais retournée sinon, et pourtant je pleurais en quittant Paris (par amour). Si vous avez de l’argent, je vous conseille d’essayer San Francisco et la Bay Area. Encore plus loin de la France, mais encore très attachant malgré une aberrante montée des enchères qui tue l’âme du coin. Bon courage !
Je suis nouvellement New-Yorkaise depuis un an et pour le moment j’ai l’effet inverse. J’adore etre ici par rapport a tout ce qui peut m’insupporter en France. Mais je suis venue par choix et non pour suivre une “voie”, est ce que ca fait la difference ? Quoiqu’il en soit mon pays je l’aime, la France me manque parfois et je pense que si je suis encore ici dans plusieurs annees, j’aurais surement le meme questionnement. Notre culture est inscrite en nous qu’on le veuille ou non et ce n’est pas un mal de vouloir retourner aux sources et d’estimer avoir fait ‘son temps’ a l’etranger. Ce sont des choix extremement personnels, il faut juste etre en accord avec soi meme. La vie evolue, il est normal aussi que ce qui nous plaisait il y a quelques annees en arriere ne nous plaisent plus aujourdhui. Je pense qu’il ne faut pas culpabiliser meme si cette vie peut faire rever beaucoup de monde. C’est une vie qui peut aussi effrayer beaucoup de monde. Il faut savoir se detacher de l’opinion des autres et savoir faire les choses pour soi.
Marie,