“C’est la catastrophe ! On a perdu des dizaines de milliers de dollars”. Maud Bonsignour, propriétaire du Bakehouse, au bord de l’Hudson River, ne peut que constater les dégâts .
Le bar-restaurant-boulangerie a ouvert ses portes dans le Meatpacking District en décembre 2011. Moins d’un an après, il a presque tout perdu. Pendant l’ouragan Sandy, l’eau a envahit le sous-sol. Moteurs de frigos inutilisables, plafond écroulé. Cette jeune entreprise ne voit pas comment s’en sortir. “Nous n’avons aucune aide financière du gouvernement, s’exclame la propriétaire. A part nos amis et voisins qui viennent aider à déblayer, nous sommes tout seuls”. Et pour ne pas qu’ils partent travailler ailleurs, Maud Bonsignour a dû continuer à payer ses employés, comme les factures. “L’électricien est à ce moment même en train de remettre les dernières lumières en marche. Jusque là nous n’avions du courant que partiellement”.
Bakehouse fait partie des commerces français qui continuent de payer la facture de Sandy. Quand ils n’ont pas été directement touchés par les eaux et les coupures de courant, ils souffrent du ralentissement de la vie de quartier, en raison des évacuations ou des départs volontaires. “Il y a des résidents qui ne sont pas encore retournés chez eux, d’autres qui n’ont pas de chauffage. Nous sommes directement sur la rivière, je pourrai aller de mon bar au New Jersey à la nage, tellement l’eau est montée”, explique Maud Bonsignour.
Sur la 14e rue, Claude Godard, chef et patron du restaurant Jeanne et Gaston, s’estime chanceux : “Nous avons eu une coupure de courant et plus de réseau téléphonique, comme tout le sud de Manhattan. Mais heureusement, les seuls dégâts matériels ont été la perte de notre inventaire”.
L’assurance de Claude Godard va le dédommager pour cette perte immédiate. Mais le chef de Jeanne et Gaston insiste sur les conséquences à long terme : “Le sud de Manhattan est toujours désertique, beaucoup de commerces ont rouvert pour le déjeuner mais pas encore pour le dîner. C’est plus compliqué Downtown, j’espère que cela va revenir vite. Quoiqu’il arrive, on y laisse beaucoup de plumes”.
Au Bubble Lounge, bar à champagne de TriBeCa, l’intérieur est impeccable. Ici, le bilan est moins lourd, mais la reprise tout aussi lente. “Nous n’avons eu aucune perte due directement à Sandy, explique Emmanuelle Chiche, son manager. Ce sont les conséquences économiques engendrées par la suite qui sont plus dures”. Ouvert depuis le samedi 3 novembre (le lendemain du rétablissement de l’électricité), l’établissement a du mal à retrouver son rythme. “Heureusement qu’il y a eu la soirée électorale pour remplir le restaurant. Sandy ou pas, nous entrons dans une période plus creuse : Thanksgiving, l’automne. Les gens sortent moins en général. Alors avec l’ouragan et la tempête de neige qui a suivi… le quartier a un peu de mal à retrouver sa dynamique”, précise-t-elle.
Alors, comme faire pour soutenir les restaurateurs en détresse ? Les fréquenter. Mardi soir, Bakehouse a rouvert ses portes. “La seule solution, selon Maud Bonsignour, c’est que les gens viennent faire la fête. Il faut que la clientèle soit au rendez-vous”.