Après l’incrédulité et l’indignation, les attentats de janvier en France ont laissé place au questionnement. Questionnement sur l’unité nationale de la France d’abord ; sur les limites de ses principes fondateurs et ses valeurs ensuite. Dans une analyse publiée mercredi dans le New Yorker, le journaliste Alexander Stille dépeint sa vision de la France de l’ « après-Charlie Hebdo », et donne des raisons de croire en notre pays.
« La France est plus que vivante », selon lui. Le journaliste, qui avait déjà analysé les propos tenus par l’écrivain Eric Zemmour à propos du « déclinisme programmé » de la France dans une précédente tribune, les contredit cette fois. Chiffres et exemples à l’appui, Alexander Stille dément toute perte d’identité nationale. « La spontanéité, la dignité et l’unité démontrées dans l’ensemble du pays ont surpris les observateurs cyniques qui s’étaient plaints d’une perte d’unité nationale”, écrit-il, citant les “3,7 millions de personnes” qui se sont rassemblées en hommage aux victimes.
Un constat qu’il tient à nuancer toutefois. Rappelant les voix discordantes entendues quelques jours après les attentats. « De nombreux Français ont été choqués que certains élèves refusent d’observer une minute de silence (…) et des théories conspirationnistes ont germé dans une France où les jeunes musulmans se méfient des autorités et où les gens s’informent en partie sur les médias sociaux ».
Une division et des craintes qu’il explique par une « caricature de la population musulmane dans la presse française et étrangère ». « On retrouve souvent cette image d’un seul bloc de musulmans aliénés et isolés dans les banlieues mais cette population est bien plus variée et intégrée », rappelle-t-il, en comparant le nombre de musulmans « dans l’armée, les forces de police, les hôpitaux » à celui des musulmans impliqués dans les réseaux d’Al-Qaïda. La solution se trouve moins, selon lui, dans les « déclarations de guerre contre l’islamisme », souvent entendues, que dans l’émergence d’un réel « débat national ».
Enfin, «l’impact politique (des attentats) reste peu clair », précise-t-il en invitant à relativiser l’éphémère montée de popularité de François Hollande dans les sondages, face à la légère baisse de la présidente du Front National Marine Le Pen. « Il ne faudrait pas oublier qu’au premier tour des élections législatives dans le Doubs, le 1er février dernier, le Front national est arrivé premier avec 32% des voix », rappelle-t-il, en évoquant la possibilité que le parti de Marine Le Pen puisse émerger comme « l’un des deux partis les plus influents en 2017 ».
Lire l’article du New Yorker