Il y a un an tout juste, Andréa Bescond recevait une standing ovation au Théâtre du Lycée Français (TLF) après son interprétation de la pièce “Les Chatouilles”, largement inspirée des abus sexuels dont la comédienne a été victime enfant.
C’est donc sans bouder son plaisir qu’elle y revient le samedi 6 avril, pour en présenter l’adaption cinématographique en compagnie d’Eric Métayer, son co-réalisateur et compagnon. “On est super heureux de revenir, confie Andréa Bescond. On espère toucher un large public: “Les Chatouilles” parle surtout de reconstruction, sans scène choquante. On peut y venir en famille, à partir de 10 ans.” Le film sera en outre sous-titré en anglais, et une discussion avec les deux réalisateurs aura lieu à l’issue de la projection.
Entre ces deux passages à San Francisco, l’année 2018 a été riche en émotions. “Nous étions en plein jet lag, au retour de Californie, quand on nous a annoncé que le film avait été retenu pour la sélection “Un certain regard” au festival de Cannes.” Un mois plus tard, “Les Chatouilles” est projeté pour la première fois en public: “Un premier film, à Cannes en plus, et on reçoit une standing ovation de 20 minutes! C’est un des plus grands souvenirs de nos vies artistiques“, se remémore Andréa Bescond.
Les six mois suivants sont consacrés à faire la promotion du film grâce à une série d’avant-premières dans toute la France, jusqu’à sa sortie officielle, le 14 novembre 2018. “La première journée a été très bonne, mais la crise des gilets jaunes a commencé le week-end suivant, entraînant une désertion des salles. Heureusement, au final, nous avons comptabilisé 400.000 entrées, ce qui était au delà de nos espérances.”
La consécration continue avec cinq nominations aux Césars: “On est allé à la cérémonie comme deux gamins qui vont à un anniversaire, le sourire jusqu’aux oreilles car on était sans doute les seuls à ne pas être blasés, plaisante Andréa Bescond. On pensait bien que Karin Viard obtiendrait le César du meilleur second rôle car elle faisait l’unanimité, mais le cadeau ultime, c’était le César de la meilleure adaptation car il symbolisait toute l’histoire de ce projet.”
Après cette année chargée, “riche en adrénaline“, Andréa Bescond ressent un apaisement certain: “La vie va dans le bon sens: grâce aux Chatouilles, la souffrance liée aux abus sexuels est mieux comprise et reconnue. J’ai reçu beaucoup d’amour, et cette légitimité est gratifiante. On se sent utile à la société car on a réussi à créer un outil artistique qui va aider plein de gens.”
La comédienne ne compte pas pour autant se reposer. Côté théâtre, elle vient de passer trois semaines à Tahiti pour remonter “Les Chatouilles” avec Deborah Moreau dans le rôle principal d’Odette, et travaille avec Eric Métayer sur une autre pièce sur l’euthanasie qui sera présentée au festival d’Avignon. Côté cinéma, “le succès d’un premier film nous a ouvert beaucoup de portes: nous pensons déjà au prochain, qui aura pour sujet les maisons de retraite. Un autre thème qui nous est proche.“