Elles furent 350. Des Américaines riches, issues des quatre coins des Etats-Unis, francophiles. Elles ont quitté le confort de la haute société pour la Picardie, dévastée par la Première Guerre Mondiale.
L’exposition “American Women Rebuilding France”, qui s’ouvre le 10 septembre au Coral Gables Museum après avoir tourné dans une dizaine de villes aux Etats-Unis, met en lumière ces femmes courageuses, membres de l’American Committee for Devastated France. Entre 1917 et 1924, elles ont été au chevet d’une population en lambeaux après quatre années de guerre, soignant, nourissant, éduquant, reconstruisant… A leur tête: la dynamique Anne Morgan (fille du financier JP Morgan), qui se trouvait en France pendant la guerre.
“Elle apprenait aux enfants à jouer au basket”
“Quand ils sont partis, les Allemands ont laissé la Picardie en ruine. La situation était lamentable, explique Elaine Uzan Leary, organisatrice de l’exposition et présidente des Amis américains du Château de Blérancourt. Anne Morgan avait fait venir des vaches de Normandie, des lapins… Elle a créé des centres, des cliniques, des cours pour enseigner comment reconstruire une maison, lancé des fêtes, des concours sportifs… Elle apprenait aux enfants comment jouer au basketball, pour leur redonner espoir” .
Touchée par le sort de la population civile française, la francophile a sillonné les Etats-Unis pour lever des fonds pour sa cause et trouver des femmes intéressées. Pourquoi des femmes? “Anne Morgan était aidée par les soldats français, mais comme elle faisait partie de clubs de femmes, comme le Colony Club à New York, c’était peut-être plus naturel de demander aux femmes, et aussi les femmes étaient plus libres pour partir” .
Savoir parler français
Trois critères étaient nécessaires pour rejoindre le Comité: “savoir parler français, conduire une automobile et pouvoir payer le voyage en bateau jusqu’en France” . Anne Morgan ne ménageait pas sa peine. Elle a mobilisé les célébrités et les grandes fortunes de l’époque (la famille Astor, Charlie Chaplin…) pour concocter un livre de recettes destiné à être vendu pour récolter des fonds. Elle s’est aussi invitée dans un grand match de boxe à New York pour faire connaitre sa cause. “Elle savait que les hommes avaient le pouvoir de décision” .
Dans le groupe, “des médecins, des avocates, des femmes qui travaillaient” . L’ “insubmersible” Molly Brown, une rescapée du Titanic, en faisaient également partie. “Elles vivaient dans des baraques en bois, dans la boue, avec des gens pauvres, malades et traumatisés, insiste Elaine Uzan Leary. Certaines sont reparties rapidement. D’autres ont fait la navette entre la France et les Etats-Unis. Le Comité a grandi en France et a été étendu à plusieurs villes. Ces femmes était très respectées en Picardie. Anne Morgan a eu la légion d’honneur. ”
Une histoire digne d’un film
L’exposition “American Women Rebuilding France” présente les photos du travail de ces femmes, commissionnées par Anne Morgan à des fins de “fundraising” . Elles ont été exhumées des archives du château picard de Blérancourt, qui abrite un musée franco-américain. Une conférence sur le rôle des femmes pendant la guerre aura lieu le 5 novembre au musée de Coral Gables lors des French Weeks de Miami.
L’action d’Anne Morgan et des femmes de l’American Committee for Devastated France est peu connue, sans doute parce qu’Anne Morgan était peu connue elle-même et que l’intérêt pour la Grande Guerre aux Etats-Unis a décliné avec la disparition des derniers vétérans. Pourtant, il y aurait de quoi en faire un film. “C’est le rêve! Je verrais bien Meryl Streep dans le rôle principal” , s’exclame Elaine Uzan Leary. Nous sommes en train d’écrire une biographie d’Anne Morgan. Ce genre d’ouvrages intéresse les scénaristes” .
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It is seldom mentionned that Anne Morgan was a lesbian and did that French campaign with her lover (whose name I cant remember right now). She broke with the Morgans because of her sexual orientation. It got her some compensation from her wealthy parents and that money contributed to her action.