Peu de personnes peuvent se targuer d’avoir été employé dans une mairie, professeur de français dans une Alliance française et fabricante de calissons. C’est le cas d’Anne-Elisabeth Mugnier, une Française de Princeton.
Rien ne destinait cette Bretonne, arrivée aux Etats-Unis il y a neuf ans pour suivre son mari, à devenir confiseuse. Depuis l’enfance, pourtant, elle cuisine, crée des pâtisseries, s’amuse. « Je suis une grande gourmande et j’ai toujours eu besoin de la cuisine pour me vider la tête ». Elle a commencé par rechercher ce qui ne se faisait pas ici, c’est comme cela que lui est venu l’idée de la confiserie. Son public, jusqu’alors, n’était que ses quatre enfants.
Un jour, elle décide de tout plaquer pour vivre de sa passion, une décision qu’elle a prise grâce à son mari – « il m’a soutenue, porté mes doutes et mes angoisses » – et à un chocolatier de Dinan, Gaël Redouté. « Il m’a convaincue de vivre de ma passion car lui-même a commencé sans formation ».
Elle commence par organiser des ventes privées chez elle avec ses amis français de Princeton. « Un bon moyen d’avoir de vrais retours sur mes produits, de voir ce qui plaisait et ne plaisait pas ». Il y a un an, elle contacte le marché de Princeton pour vendre ses confiseries. Elle se crée un nom : « Les délices d’Annelise ».
Depuis, tous les jeudis, elle y propose des calissons, des nougats et des caramels au beurre salé : « j’ai choisi les calissons pour mon mari qui vient du Sud, les caramels au beurre salé pour mes origines bretonnes, le nougat parce que mon père en raffole et les guimauves pour mes enfants ». Chacune de ses réalisations sont faites avec des produits locaux. Pour son nougat, elle utilise le miel d’un apiculteur du New Jersey, elle fait elle-même la pâte d’amande pour ses calissons mais fait venir le melon confis de France.
Au départ, sur le marché, elle mettait en avant ses caramels demi-sel et les guimauves : « ce sont des produits d’appel, les Américains les connaissent, c’était un moyen pour les attirer à mon stand ». Une fois au stand, la Française fait goûter ses différents produits et ses calissons. Plus qu’un partage culinaire, c’est un échange culturel qui s’installe. « Au début, il n’y avait que des Français au stand et petit à petit les personnes ont été intriguées (…), ce qui les a poussés à s’arrêter et à déguster ».
Pour le moment, Anne-Elisabeth Mugnier ne veut pas ouvrir de magasins. “Ce qui m’importe c’est le partage, sur le marché de Princeton les gens viennent discuter, ils goûtent mes produits, me parlent de leurs voyages en France“. Trois magasins de Princeton commercialisent ses produits depuis juin.