Chevelure bouclée, veste en jean et chemisier fleuri, Anaïs Maquiné-Denecker déboule dans le café de La Brea où nous avons rendez-vous, en plein cœur de Los Angeles, s’excusant pour son léger retard : un coup de fil avec une chaîne de télé française, avec qui la journaliste prépare une émission pour les 30 ans de la série « Friends. » Depuis la parution, le mois dernier, de sa biographie de Jennifer Aniston, « sa Jennifer », comme elle l’appelle affectueusement, sa vie tourbillonne, sous le soleil de la Cité des Anges. « Jennifer Aniston, l’impossible bonheur » (Hachette) est la première biographie de l’actrice américaine ultrapopulaire, 55 ans, révélée dans « Friends », qui cartonne aujourd’hui dans « The Morning Show » sur Apple TV+. Résultat de cinq ans et demi d’enquête entre Paris et LA, l’ouvrage brosse un portrait fouillé et sensible de cette star secrète, grâce à des témoignages inédits de ses proches.
Car Anaïs Maquiné-Denecker, figure bien connue du PAF -entre autres rédactrice en chef de « Confessions Intimes », des « Rois du Système D », de « 10h le Mag » sur TF1 et d’« E=M6 » sur M6- cultive un lien particulier avec le monde du cinéma hollywoodien, où elle a débuté, durant sa jeunesse en Californie. « Pendant trois ans, j’ai été étudiante à Santa Barbara, stagiaire à son Festival du film international, avant de travailler pour « The Santa Barbara Independent », raconte-elle avec la vivacité qui la caractérise. J’ai rencontré énormément de gens du métier, ce qui m’a beaucoup aidée en France pour démarrer ma carrière de journaliste. »
C’est à cette époque qu’elle se lie d’amitié avec des proches de Jennifer Aniston. Dans ce livre, famille, collègues et amis d’enfance ont partagé des confidences de manière anonyme, car la star barricade sa vie privée. Si Jennifer Aniston n’a pas répondu aux sollicitations de la Française pour cette biographie, celle-ci a eu l’occasion, comme journaliste, de l’interviewer.
C’est lors d’une interview, à Paris en 2009, qu’Anaïs Maquiné-Denecker se passionne pour l’héroïne de « Friends » qui a bercé sa jeunesse. En pleine promotion de son dernier film, l’actrice, divorcée depuis 4 ans de Brad Pit, harcelée par les médias, se bat en secret pour devenir mère. Une photo du bébé de la journaliste provoque quelques confidences entre les deux femmes. « J’ai compris à demi-mots que ce n’était pas son choix de ne pas avoir d’enfant, et que c’était très douloureux pour elle que la presse se focalise dessus, se souvient la journaliste. Derrière la star très ‘control freak’, je découvrais quelqu’un de normal, sensible, avec des problématiques de femme de 40 ans, très ancrée dans sa génération. En sortant de cette interview, j’ai eu envie d’écrire son histoire. »
Près de 10 ans plus tard, le projet se concrétise quand Laurence Pieau, ancienne directrice de Closer, lui propose d’inaugurer avec Jennifer Aniston sa collection « Meet the people », chez Hachette. Pour Anaïs Maquiné-Denecker, pas question de produire « un truc trop people », une « biographie édulcorée » ou « une revue de presse. » « Je voulais faire une vraie enquête d’investigation, où l’on recoupe les infos, d’un témoignage à l’autre, d’un proche à l’autre », insiste-elle. Je fais du journalisme à l’ancienne, je n’ai pas peur d’aller frapper aux portes ! » Résultat : 272 pages qui se dévorent comme un feuilleton, où elle ausculte la vie de Jennifer Aniston -son enfance solitaire, sa carrière au sommet, ses divorces sous l’œil cruel des médias, son deuil de la maternité, ses amitiés indéfectibles, sa quête de paix intérieure dans sa grande maison de Beverly Hills où elle vit entourée de ses chiens…- avec autant de finesse que d’empathie.
Venue vivre son rêve américain à LA il y a un an, à 50 ans, la Française passionnée de storytelling fourmille de projets des deux côtés de l’Atlantique. En juillet paraîtra « Friends Forever », co-écrit avec Hervé Tropéa chez Hachette, pour fêter les 30 ans de la série culte des années 1990-2000. Des podcasts sont aussi en projet sur ce sujet fétiche. Deux autres biographies de personnalités sont en préparation, dans la même collection. Elle travaille aussi sur trois documentaires, dont un consacré au célèbre producteur de musique français Eddie Barclay. « Je veux importer la culture française aux US et exporter la culture américaine en France », redit-elle, persuadée qu’il y a là une carte à jouer : « Nous, les Européens, nous avons une plume particulière, une approche sociétale des sujets, extrêmement appréciée aujourd’hui de l’industrie hollywoodienne.»