« Trouver l’amour aux États-Unis. Une étude de l’homme américain et des codes du dating à l’usage de l’Européenne paumée ». Voici un guide de survie pour rencontres réussies en terres américaines, un ouvrage qui se veut à la fois informatif et divertissant, avec une touche de second degré. L’objectif de son autrice, Isabelle Driel : « aider les célibataires en quête d’une relation monogame, sérieuse et durable à atteindre leur but ». Car de ce côté-ci de l’Atlantique, les jeux de l’amour ne laissent rien au hasard.
La Française, installée au Texas depuis treize ans, décrypte donc dans son livre la série de codes qui régissent les rencontres amoureuses. Malgré une apparente proximité, ces règles divergent des valeurs et traditions françaises. Une réalité qu’Isabelle Driel a expérimenté à ses dépens. « J’ai eu une centaine de premiers rendez-vous, les fameux dates. Beaucoup n’allaient pas au second et j’ai accumulé les erreurs, les galères, les déceptions… Huit ans de souffrance et de remises en cause avant de jouer le jeu à l’américaine et de rencontrer mon mari ! ».
Son constat de départ ? Nombre d’Européennes aux États-Unis ne comprennent pas ces codes, « et pour cause, la façon de voir l’amour y est tout simplement différente». Son ambition ? Soulager la pression, offrir un gain de temps et des solutions pratiques « avant qu’elles ne quittent le pays, faute de chaussures à leurs pieds. »
Inspirée par son histoire, cette ancienne professeure d’histoire-géographie diplômée en sciences de l’Antiquité décide ainsi d’enquêter. « J’ai lu tout ce qui était possible, j’ai réalisé des interviews de célibataires comme de couples, je me suis appuyée sur des sondages puis j’ai synthétisé l’ensemble ». Elle en tire notamment un lexique pour comprendre d’abord où les femmes mettent le cœur. Parmi les différentes terminologies décrites, friends with benefits (amis-amants), casual dating (papillonnage informel que l’autrice qualifie « d’ennemi n°1 »), talk ( LA conversation qui définit la relation après plusieurs semaines et sert de point de départ à une serious relationship (relation sérieuse comme on l’entend en France).
Ces notions de vocabulaires en préambule en disent long sur la codification et la chronologie de la relation amoureuse aux États-Unis. Selon Isabelle Driel, « se mettre en couple y prend plus de temps et passe par des phases structurées. L’autrice compare le processus « à une longue série d’entretiens pour postes à hautes responsabilités ». Et de préciser : « l’Américain fait son marché et en général, la “serious relationship” arrive entre plusieurs mois et deux ans ».
Conséquences : peu de place à la spontanéité, au naturel ou à l’improvisation. Quant aux peines de cœur, elles s’avèrent plus fréquentes si on ne maîtrise pas ce système. « En France, on est en couple ou on ne l’est pas. Ici, après une rencontre, c’est lent et il y a toute une phase d’exploration durant laquelle on peut avoir plusieurs partenaires en même temps ». Ce cumul constitue l’une des différences les plus déroutantes.
Isabelle Driel analyse également d’autres dissemblances. Les relations à la religion ou au sexe par exemple qui, selon les localités, s’avèrent moins libérées. « Selon les États, une femme qui couche le premier soir peut perdre de sa valeur et son potentiel de femme à marier. On s’amusera avec elle. Au Texas, l’homme n’aime pas une femme qui va vite. Il préfère être en charge de l’évolution de la relation… » ajoute t-elle. De la même manière, elle explique comment le mariage exerce une pression et peut influencer les relations. « Au bout de deux-trois ans, l’officialisation plane au-dessus des têtes. C’est le mariage ou rien, quand en France il n’y a pas d’obligation. »
Enfin, pour guider les Européennes dans cette jungle impitoyable, elle détermine plusieurs catégories de « mâles » selon des patterns récurrents. L’idée : savoir repérer les drapeaux rouges (mesdames, fuyez) et les drapeaux verts (allez, on tente). « Je suis consciente que l’on ne peut pas regrouper des millions de personnes sous des étiquettes, qu’il y a des exceptions géographiques ou démographique, mais ça permet d’offrir des repères. De reconnaître à qui on a affaire. Ça m’aurait été très utile ! ».
Dans cette catégorisation, on trouve Austin, le joueur-séducteur qui collectionne les rendez-vous galants. Andrew, qui souffle le chaud et le froid. Harry, en quête d’une mère ou d’une aide ménagère plutôt que d’une amoureuse. John, trop débordé malgré ses qualités. Jack et ses bagages émotionnels qui exigent de prendre le temps. Ou encore des rebelles comme « les insurgés du dating ».
Après huit ans d’échecs, Isabelle Driel a décidé de ne pas rester sur la touche. Son conseil : « tirer parti du système parce que c’est le modèle dominant et qu’il ne changera pas ». Elle souligne aussi que même les Américains éprouvent des difficultés. La solution, c’est de se concentrer sur les avantages, comme la gestion du temps efficace (« qui permet d’avoir des dizaines de dates sur un week-end »), les chances de succès multipliées, le fait d’éviter les obsessions, de s’emporter trop vite et de « profiter de restaurants tout frais payés car on est généralement invitées ».
Quelques conditions en revanche afin de ne pas en souffrir : contrôler ses sentiments dès le départ, se protéger (« tant que le talk n’a pas eu lieu, on ne s’emballe pas ! »). Et ne pas culpabiliser (« ce n’est pas de notre faute si une relation échoue, on n’est parfois qu’un simple outil de comparaison »).
Aujourd’hui, à 40 ans, Isabelle Driel se dit heureuse en amour. Après dix ans passés à Houston, elle a déménagé il y a trois ans pour suivre son mari à Comstock, petite commune de ranchers à la frontière mexicaine. Il l’a demandée en mariage genou à terre deux ans après leur premier baiser. La première école française se situant à cinq heures de route, elle a dû se réinventer une vie. Traductions littéraires, business de macarons, livre sur le dating… Son rêve maintenant ? Se lancer dans une bande dessinée humoristique et partager son message au plus grand nombre : « faites du dating un outil d’exploration touristique » !
Livre disponible en e-Book ($9.90) ou en format papier ($14.90).
Plus d’infos sur le site d’Isabelle Driel