Sur les plages françaises, de Bretagne jusqu’en Corse, impossible d’y échapper. Les foutas sont partout. Ces longs draps de hammam en coton colorés font maintenant une concurrence féroce aux serviettes de bain.
A Miami, en revanche, la fouta est inconnue et c’est Amicie de Colonges, une jeune expat de 33 ans, qui a décidé de convertir les Américains.
Après des études d’art dans le design textile, elle collabore quelques années avec de prestigieuses maisons françaises avant que la crise ne mette un coup d’arrêt à son début de carrière. La pause ne sera que momentanée. Elle enseigne, puis en 2013, alors que la famille s’installe sous le soleil de Floride, elle se remet à faire des projets. “ J’ai pris des cours d’anglais en arrivant et souvent en classe mon esprit vagabondait. J’ai pensé aux foutas. Ça m’a semblé assez évident car j’en utilisais à la plage depuis longtemps et je n’en avais encore jamais croisé ici.”
Les cours d’anglais s’arrêtent là pour elle et elle se consacre désormais à monter sa petite entreprise Ami&Cie. Elle fait venir ses draps de Tunisie pour les personnaliser elle-même en les brodant de prénoms ou par un appliqué (un motif en tissu). Amicie de Colonges s’est aménagé un petit atelier façon bonbonnière. Entre ses machines, des petites armoires miniatures recèlent des dizaines de bobines de fil et des tissus fleuris pastel ou “flashy” qu’elle aime assembler pour rendre chaque modèle de fouta unique. Il faut compter 40$ pour une fouta classique, 50$ brodée d’un prénom et 58$ avec un appliqué.
Depuis la livraison des premières foutas en août 2014, elle a commencé à se faire connaître grâce aux ventes privées, puis elle a pris un stand au marché de Pinecrest. « C’est vraiment en discutant avec les clients du marché que j’ai pris conscience du travail d’explication que je devais mener. La fouta de hammam, ça n’évoquait absolument rien pour eux. » Elle propose ses draps aussi bien pour la plage et la piscine qu’en version nappes et jetés de canapé.
Amicie de Colonges a décidé de lever le pied sur les marchés – elle sera à Pinecrest le premier dimanche de chaque mois – pour se positionner davantage dans les boutiques tout en développant son site internet. Ses foutas sont visibles chez Respice et depuis peu chez Osole Swimwear.
Elle vise également les hôtels ainsi que le secteur des cadeaux d’entreprise. En fin d’année dernière, un directeur d’hôpital à Detroit qui avait découvert son travail en passant ses vacances à Miami lui a commandé une quarantaine de foutas personnalisées pour les offrir à son équipe. Elle travaille également sur une gamme de sacs, pochettes et réfléchit à des coussins d’ameublement à partir de foutas.