Les mélodies entêtantes de Yann Tiersen. Le regard candide de Audrey Tautou. Jamel déguisé en vendeur de légumes. La liste de choses qu’on aime faire, et de celles que l’on n’aime pas faire. Cette couleur verte et saturée donnée à l’image par le réalisateur Jean-Pierre Jeunet, qui découvrait comme un enfant dans un magasin de bonbons le procédé, nouveau à l’époque, d’étalonnage numérique (digital color-grading). Ce prénom surtout, indissociable depuis de ce film. « Amelie » (« Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain », dans son titre original) est ressorti sur les écrans américains à l’occasion de la Saint-Valentin, dans 250 cinémas à travers tout le continent nord-américain (billets ici en choisissant la ville).
Mais pourquoi Sony Pictures Classics, qui a racheté les droits à TF1 l’an dernier, a-t-il décidé de proposer à nouveau, 23 ans après sa sortie, ce film comparable à aucun autre au public américain ? « D’abord parce qu’on a adore le réalisateur, Jeunet, qui fait partie de ces directeurs qui résistent à l’épreuve du temps, explique Michael Barker, co-president et fondateur de Sony Pictures Classics. Ensuite parce qu’”Amelie” est devenu davantage populaire avec le temps. On a sorti à nouveau « Crouching Tiger, Hidden Dragon » (Tigre et Dragon) l’an dernier, et cela nous a conforté dans l’idée que ces films du passé avaient leur place dans les cinémas. »
Sony Pictures compte notamment sur… le jeune public pour remplir les salles et découvrir ou redécouvrir ce classique du cinema français. « Pendant la pandémie, un public très jeune est devenu plus sophistiqué en matière de cinéma, estime Michael Barker. Et ce public-là souhaite désormais pouvoir profiter à plein de l’expérience du cinéma, du grand écran, avec les meilleures conditions technologiques qui permettent une diffusion optimale. »
Quand il a fallu définir une date de sortie, Sony n’a pas hésité longtemps : la Saint-Valentin s’imposait d’elle-même. « “Amelie” est un des meilleurs films romantiques de tous les temps, justifie le producteur. Il permet à notre imagination de respirer. » Pour l’entreprise, c’est peut-être aussi l’occasion d’engranger de nouvelles recettes. Le dirigeant de Sony s’étonne d’ailleurs d’avoir été énormément sollicité par les médias pour évoquer ce long-métrage qui restitue scène après scène le Paris fantasmé par les Américains.
Trouver 250 salles intéressées n’a pas non plus été très difficile. « Si vous montrez aux cinémas qu’ils peuvent faire du business avec ce film, il n’y a aucune réticence à intégrer “Amelie” à sa programmation », fait remarquer Michael Barker. Depuis sa sortie en 2001, « Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain » a engrangé 267 millions de dollars de revenue. Adoré par le public mais un peu boudé par la critique et les prix (aucune statuette aux Oscars malgré cinq nominations), Amélie a depuis pris sa revanche.