(Revue de presse). Le nom de Bernard Bajolet (ci-dessus avec Jean-Marc Ayrault) ne vous dit sans doute rien. Et pourtant, il a eu le droit la semaine dernière à un article dans le prestigieux New York Times.
M. Bajolet est l’ancien Ambassadeur de France en Afghanistan. Et, la semaine dernière, il a profité de sa récéption de départ pour jeter un pavé dans la mare diplomatique. Dans son discours d’adieu, Monsieur l’Ambassadeur a dressé un bilan plutôt sombre de l’action des forces occidentales en Afghanistan et de la reconstruction. « Le troisième service d’hors d’œuvres passé, M. Bajolet est allé au pupitre et a exposé l’image que la France – un pays marqué par une économie embourbée, un soutien en recul pour l’aventure afghane et dans d’autres pays étrangers, dont la Syrie et l’Afrique du Nord – se fait de l’Afghanistan. »
Et cette image n’est pas rose. Selon les propos rapportés par le Times, le diplomate frondeur aurait dit à ses invités quelque peu déconcertés : « Que le projet afghan est fragile et que, collectivement, l’Ouest est responsable d’une grosse partie de ce qui ne va pas, bien que les Afghans le soit aussi. Que l’Ouest avait fait un bon travail dans la lutte contre le terrorisme, mais que la plupart de ce qui avait été fait l’avait été sur le sol pakistanais, et pas en Afghanistan. Et que sans changements fondamentaux dans la manière dont les Afghans agissaient, les investissements du gouvernement afghan, et donc l’Ouest, seraient réduits à peau de chagrin ». De quoi en refroidir plus d’un. « La salle, remplie de diplomates, de militaires gradés et des dignitaires afghans, a été plongée dans un silence de mort ». Ambiance.
Le journal note que la sortie du Français tranche avec le discours américain sur le conflit. Les Etats-Unis, « ces dernières semaines, ont donné un spin positif sur le conflit alors que les comités parlementaires et l’administration Obama, essayant de sécuriser de l’argent pour garantir la présence américaine pour les années qui viennent, exagèrent les progrès réalisés dans le pays. » Principal point de contradiction entre la perspective du Français et celle des autorités américaines et britanniques : la question de la souveraineté de l’Afghanistan, poursuit le quotidien. Alors que les secondes y sont favorables, le diplomate n’y croit pas. « Nous devrions être lucide : un pays qui dépend presque entièrement de la communauté internationale pour les salaires de ses soldats et policiers, pour la plupart de ses investissements et en partie pour ses dépenses civiles, ne peut pas vraiment être indépendant.» Et paf !
Made in Alsace
La semaine dernière, une autre Française a eu les honneurs du New York Times. Christine Ferber, 53 ans, connue sous le nom de « la fée de la confiture », a fait l’objet d’un portrait dans le quotidien. L’Alsacienne, son frère et sa sœur sont à la tête d’une petite boulangerie familiale qui marche plutôt bien. Si bien qu’elle fournit les grands de ce monde. « On ne devinerait jamais que ses pots de confitures sont servis dans des hôtels de luxe comme le Crillon et le George V à Paris, le Four Seasons à Hong Kong, ou le Connaught à Londres ». La petite entreprise des Ferber a un chiffre d’affaires de 2,6 millions de dollars.
A travers Mme Ferber, le New York Times brosse le portrait d’une entreprise française artisanale, comme les aiment les Américains. La patronne, qui a hérité du business de son père, se lève tous les jours « entre 4 et 5h du matin ». « Son secret pour réussir : rien ne quitte son établissement sans son approbation », raconte le journaliste. La boulangerie familiale se trouve dans le village alsacien de Niedermorschwihr. Pas facile à prononcer. « Tout à propos de La Maison Ferber est lié au “Made in Alsace”, explique le Times. « Même certains membres du personnel parlent alsacien, un dialecte franco-allemand vestige du passé trouble de la région ».
Dernier point, qui peut surprendre nos amis Américains. « Mme Ferber ne travaille pas pour l’argent ou la gloire, mais elle est contente que l’entreprise se porte bien et est consciente des opportunités qu’elle peut manquer. « Je pourrais m’installer à Paris, ouvrir des boutiques partout dans le monde et être riche et connue, dit-elle, Mais je ne le veux pas ».
L’après Gilles Bernheim
La dernière personnalité de cette revue de presse ne fait pas l’unanimité: il s’agit du grand rabbin de France Gilles Bernheim, auteur de plusieurs plagiats et de mensonges sur ses diplômes. Un scandale qui a « secoue la communauté juive de France, 600.000 membres, la plus importante d’Europe », selon le Washington Post.
Le quotidien s’intéresse aux conséquences de la chute de Bernheim sur la communauté. Son successeur suivra-t-il « son judaïsme moderne, peut-être plus ouvert, ou effectuera-t-il un retour vers une foi plus tournée sur elle-même», se demande le Post, qui observe que Bernheim s’était notamment rapproche des juifs gays. « Jusqu’à présent, aucun candidat clair ou chemin n’a émergé. »
Photo: Zebar Zinou/ABACAUSA.COM