L’algue, la nourriture du futur ? C’est le pari de la start-up française Algama lancée par Alvyn Severien, Gaëtan Gohin et Mathieu Gonçalves.
Depuis sa venue au Symposium des CCE à Miami en mai 2015, la jeune pousse a bien grandi. Et a pris racine à Brooklyn, d’où elle espère développer son activité américaine avec un beau pactole financier. Elle a en effet réalisé une levée de fonds de 3.5 millions d’euros en mai. “Les États-Unis sont une porte de passage importante. L’écosystème est sans pareil. Les food techs et l’agro-alimentaire sont des secteurs très en avance. L’idée, c’est d’être au coeur de cet éco-système pour pouvoir interagir, travailler, contribuer et s’y mesurer” , explique Alvyn Severien.
Algama a vu le jour en 2013. Son concept: développer une gamme de produits basés sur la micro-algue, “un ingrédient qui a été sous-utilisé jusqu’à présent” . “La micro-algue contient jusqu’à 70% de protéines, dont des vitamines et des minéraux. Ce sont des organismes très intéressants, renouvelables et qui existent depuis des millénaires”, souligne le co-fondateur. Ils ont présenté Springwave, leur première boisson à base de spiruline (un super-aliment riche en minéraux et en vitamines) au SIAL de Paris en 2014. Depuis, ils ont développé plusieurs produits. Parmi eux : une mayonnaise où les oeufs ont été remplacés par un type de micro-algue nommé chlorelle. Objectif: “Réussir à faire des produits qui soient bons et durables. On veut se positionner dans les prix du marché, voire en dessous, ce qui n’est pas évident quand on développe des produits nouveaux encore très rares” .
En plus d’avoir rejoint en mai l’incubateur parisien Smart Food, la société a aussi mis sur pied une “plateforme d’innovation” au Genopole, biocluster à Évry. “Notre recherche et développement reste en France. L’essentiel de la société est basée à Paris, où l’équipe se charge des aspects marketing, stratégiques et financiers” , raconte Alvyn Severien.
Les Français espèrent commencer la distribution des produits aux Etats-Unis “d’ici quelques mois tout en développant notre pôle recherche et développement, poursuit-il. On a encore trouvé personne sur notre créneau”. L’équipe reste lucide sur les tendances du marché : “l’agro-alimentaire est un secteur qui suit beaucoup les modes, parfois ça dure, parfois ça ne dure pas. La micro-algue fait partie de ce cycle-là. On n’est pas sur ce produit mode. Notre but : faire des produits de tout type” , insiste Alvyn Severien.
Algama lorgne déjà la côte ouest et l’Asie. “Il se passe beaucoup de choses sur la côte ouest. On voit ensemble ce qui est faisable. Pour le next step on vise l’Asie. Le marché est intéressant. D’autant plus qu’Horizon Ventures, notre investisseur principal, est asiatique”. L’algue n’en a pas fini de conquérir le monde.