La famille Tesseron – propriétaire du très réputé château Pontet-Canet et de Tesseron Cognac – se lance dans le vin made in California.
C’est dans les hauteurs de Napa Valley, au cœur d’une nature sauvage, qu’Alfred Tesseron et les siens, vignerons et distillateurs de père en fils, préparent leur nouveau grand cru : Pym-Rae. « Ce nom combine les deuxièmes prénoms des premiers enfants de Robin Williams. Je ne connaissais pas l’acteur avant d’acheter sa propriété, mais par tradition, on ne change pas le nom d’un vignoble. Notre vin gardera donc son appellation », explique Alfred Tesseron.
Robin Williams, célèbre comédien américain, était en effet l’ancien propriétaire des lieux. Un domaine de 240 hectares dont un vignoble de plus de 7 hectares. La « Villa Sorriso » comme il la prénommait, était en vente depuis sa mort, en 2014. Au départ, Alfred Tesseron, en quête de terres pour sa prochaine création, n’était pas intéressé : « ça ne correspondait pas à nos critères : immense terrain, grande maison, vignes étroites, terrain escarpé et cher (ndlr : 26 millions de dollars)», affirme t-il.
Mais après quatre ans à traquer la perle rare un peu partout dans le monde, il se laisse séduire par les atouts de ce vignoble californien : son environnement « très pur et sain », à 500 mètres d’altitude (« avec de la fraîcheur ») et sur des terres volcaniques (« dans lesquelles on trouve du calcaire et de l’argile »), son âge (une trentaine d’années) et ses cépages (75% de cabernet sauvignon, 7% de cabernet franc et 18% de merlot). « Autant d’éléments réunis que l’on recherchait pour fabriquer un grand vin, précise Alfred Tesseron. La quantité ne m’intéresse pas, je voulais privilégier la qualité, et c’était l’endroit idéal pour ça ».
Avec ses enfants et nièces, impliqués dans les affaires familiales, ils rachètent le lieu en 2016 pour 18.1 millions de dollars. Tesseron Vineyards est né. Et depuis, six personnes y travaillent à temps plein sous l’égide de Thomas Comme, fils de Jean-Michel Comme, le régisseur de Pontet-Canet depuis 20 ans. Sur place, les méthodes de travail sont celles qui ont fait le succès de la maison en France comme la biodynamie. Pas d’arrosage, ni produits de synthèse. « Je crois à la nature. Notre travail, c’est de gérer le vivant et de comprendre la vigne pour qu’elle soit en parfaite santé », explique Alfred Tesseron qui, à 72 ans, souhaite transmettre son amour du métier.
« Tout est fait à la main. Le raisin est récolté au lever du jour pour qu’il ne soit pas trop chaud ». Puis les cépages sont mélangés et stockés dans des cuves importées de France, à quelques kilomètres de là. Aujourd’hui, certification en poche, les millésimes 2016, 2017 et 2018 sont prêts à être commercialisés. Une production de près de 18 000 bouteilles qui sera distribuée dans le monde. Et c’est une première, car Robin Williams ne produisait pas de vin. Il revendait le raisin à des exploitations locales.
Le prix de Pym-Rae devrait se situer à plus de 450 dollars la bouteille. « Pour que ce soit accepté, il faut un produit d’exception, d’une pureté quasi-inconnue, unique. C’était mon objectif. Si c’est bon et différent, il y a des clients pour ça », estime Alfred Tesseron. Ne reste plus qu’à décider quand Pym-Rae arrivera sur le marché pour que les palais puissent le déguster. Mais Alfred Tesseron entretient le suspense. Sa devise : « patience, chaque chose arrive en son temps ! ».