Découvert du grand public en 2012 dans Amour de Mickael Haneke, connu des mélomanes depuis une dizaine d’années, le pianiste français Alexandre Tharaud sera à New York le 1er mars pour une unique date au Washington Irving School et les 6,7 et 8 mars au Segerstrom Center for the Arts à Los Angeles.
C’est à 5 ans que le futur prodige débute le piano. Quelques années plus tard, il entre au Conservatoire de Paris et à 19 ans, il est lauréat du Concours international Maria Canals à Barcelone puis, un an après, du Concours Città di Senigallia en Italie. Sa carrière se développe rapidement en Europe puis en Amérique du Nord et au Japon.
Il faut dire que le pianiste a plusieurs cordes à son arc. En 2012, il ressuscite le cabaret Le Boeuf sur le toit avec son album éponyme, à consonance jazzy. « Ce disque c’était un hommage au jazz des années 20 à Paris, explique-t-il à French Morning. À cette époque, toute l’intelligentsia parisienne de Maurice Ravel à Coco Chanel venait écouter et découvrir le jazz américain. Je voulais mettre en lumière, faire connaître aux gens le Bœuf sur le Toit car le lieu a inspiré un grand nombre de compositeurs classiques ». Malgré le succès qui accueille le disque, le musicien à tôt fait de revenir à ses premières amours, et consacre son art aux partitions de la musique classique.
Son concert à New York est organisé par le Peoples Symphony Concerts, qui propose des concerts à prix abordables. « Dès que j’en ai la possibilité j’essaie au maximum de jouer pour le public le plus large possible » explique Alexandre Tharaud. Si le musicien insiste sur l’importance de rendre la musique classique plus abordable il précise néanmoins que le public est toujours présent. « On a trop tendance à dire que la musique classique a un public qui se rétrécit. En France les festivals d’été sont archi complets. Le public de la musique classique résiste et est très vivant ».
Lors de cette soirée, Alexandre Tharaud interprétera des morceaux à tonalité germanique, lors d’un programme concocté par ses soins.
Les “Scènes d’enfants” de Schuman et les “Impromptus” de Schubert seront au programme de la 1ère partie. «Ensuite en 2ème partie, je joue ma propre transcription de la 5ème symphonie de Mahler, c’est une sorte de gageure de transcrire au piano cette oeuvre qui est typiquement écrite pour les cordes avec une seule mélodie, très lente qui se déploie sur toute la pièce. Arriver à rendre l’orchestration lisible au piano et retrouver l’esprit de Mahler avec uniquement cet instrument c’est un défi. Mais je crois avoir trouvé quelques astuces. Je termine avec Appassionata Sonata de Beethoven, un morceau qui est tout indiqué après Mahler. C’est une pièce qui termine bien un concert, avec un souffle romantique et une grande énergie» indique le pianiste.
À Los Angeles, la programmation musicale sera différente et le pianiste s’attaquera à Ravel, Debussy et Berlioz.
Quand on l’interroge sur sa participation à la bande-annonce du film Fifty shades of Grey, il est plutôt amusé. En effet, si l’un des concertos de Bach figure sur l’album accolé de son nom, il précise que « ce morceau avait été enregistré il y a quelques années et a juste été inséré dans l’album ».
Pour Amour en revanche, on peut parler d’une véritable collaboration. Le pianiste, qui a contribué à la bande-originale, y joue également son propre rôle. «Michael Haneke est un réalisateur que je trouve génial, je connaissais la majorité de ses films. J’ai accepté de faire le film avant tout pour le rencontrer” explique-t’il avant de rajouter: « Il faut savoir où on est bon et il y a des milliers d’acteurs qui sont meilleurs que moi. Là c’est parce que je jouais mon propre rôle que j’ai accepté, mais mon métier c’est de jouer du Mozart et du Chopin ».
Son prochain album, prévu pour septembre prochain, sera justement dédié à ces deux grands noms de la musique classique. Une tournée outre-Atlantique est déjà planifiée à l’hiver 2015.