Un sac à dos, un téléphone et un compte instagram… Alex Grardel voyage léger, pour mieux aller à la rencontre de ses sujets. Le jeune français a entrepris un voyage, à pied et en stop, dans l’histoire américaine, sur les traces de ce phénomène très américain des “pélerinages”.
L’idée de ce projet, dont il espère notamment faire une série de podcast à son retour, lui est venue en France, lors d’une messe d’hommage à Johnny Hallyday. “Je me suis aperçu qu’on était vraiment dans le pèlerinage”. Le but n’est pas religieux, mais les attributs, la forme et souvent les motivations sont les mêmes, qui fait, dit-il, “partie de l’identité américaine”. En apprenant que plus de 600.000 personnes passent chaque année sur la tombe d’Elvis, ce diplômé de l’ESSEC, passé par la pub (Havas notamment), décide de faire son sac et de partir en stop à travers les Etats-Unis, pour un voyage qui est d’abord un pèlerinage personnel: le film Into The Wild de Sean Penn, qui raconte l’histoire vraie d’un auto-stoppeur, a inspiré, il y a douze ans, son goût pour l’auto-stop. Et c’est lors d’un des ses précédents voyages qu’il a découvert Jack Kerouac, le prophète de tous les routards du monde, auteur de “Sur la route”.
Alex Grardel a pris la route il y a trois mois, en Alaska, pour voir le “magic bus” de Into The Wild et achèvera son périple fin décembre à San Francisco à la St John Coltrane Church, où l’on vénère le musicien de jazz. Entre temps, il se sera arrêté sur les tombes d’Abraham Lincoln, Jack Kerouac, Jimi Hendrix. Il aura également fait halte au Mémorial du 11 septembre à New York, sur les lieux de la fusillade de Columbine High School dans le Colorado, au site amérindien de Wounded Knee ou encore à Grace Land avec les fans d’Elvis… L’éclectisme est au coeur du projet: “le lien entre tous ces pèlerins c’est la recherche d’un connection, d’un lien avec les disparus. Même si l’objet n’est pas forcément religieux, leur expérience est très souvent mystique”. Le pélerinage est, dit-il, “avant tout une expérience personnelle, intime, que chacun fait à sa façon. Il y a évidemment une opposition de classe entre les gens que j’ai rencontrés à Paris sur la tombe de Lafayette et les fans de Jimi Hendrix dans l’Etat de Washington”.
L’auto-stop est un élément essentiel de l’aventure. S’il a pratiquement disparu de la culture américaine (il est même illégal dans le New Jersey, l’Utah et le Nevada), il reste le meilleur moyen de voyager et de faire des rencontres assure l’aventurier, pour lequel “des gens ont souvent fait des détours de plusieurs heures, juste pour moi, parce qu’ils aimaient nos conversations. Le mythe de la route existe toujours, je ne compte plus les gens qui m’ont dit à quel point ils auraient rêvé de faire ce que je fais”. Le hasard de la route fait aussi bien les choses, comme lorsque cette conductrice de l’Utah qui l’a pris à bord s’est avérée être une ancienne partenaire d’affaires de Courtney Love, la femme de Kurt Cobain, alors qu’il était en route vers le mémorial érigé pour l’ancien leader de Nirvana, dans l’Etat de Washington.
A l’issue de son voyage Alex Grardel espère lancer une série de podcasts racontant son périple et nourrie des dizaines d’heures d’interviews glanées lors des rencontres avec ces pèlerins américains. En attendant, vous pouvez le retrouver sur sa page Facebook.