Chaque année, c’est le même rituel à Round Top, la plus petite commune incorporée du Texas, située entre Austin et Houston. Tout l’Etat (et au-delà) s’y retrouve pour le Round Top Music Festival. Sa 43e édition, du 6 juin au 13 juillet, ne devrait pas échapper à la règle.
Aux manettes de cette manifestation faisant référence en matière de formation de jeunes musiciens à l’échelle internationale : le fondateur du festival en 1971, le pianiste américain James Dick, qui a découvert la région à la faveur d’une invitation à venir s’y produire. Mais aussi un Français : Alain Declert, qui a rejoint l’aventure il y a tout juste trente ans, en 1983.
Cet ancien de l’industrie pétrolière a découvert le festival dans un magasin de pianos, s’y est rendu illico et a tout quitté pour la musique dès l’année suivante. « Je n’ai pas fait le conservatoire, mais j’ai eu la chance d’avoir trois professeurs de musique exceptionnels qui m’ont permis d’acquérir une bonne connaissance du répertoire du début du XXe siècle », commente le mélomane.
Aujourd’hui en charge de la programmation du festival, il se targue de faire une large place aux compositeurs francophones. Cette année encore, on pourra écouter des morceaux de Maurice Duruflé, d’Ernest Chausson, de César Franck, de Maurice Ravel… et « la presque totalité du répertoire de François Poulenc, à qui l’on rend hommage à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort ».
Un festival de découvertes
Mais la principale fierté d’Alain Declert cette année, c’est d’avoir convaincu le chef Perry So, originaire d’Hong Kong, de diriger l’orchestre pour « un ballet de Prokofiev extraordinaire, un peu grinçant, mais très audible et coloré. Il est très intéressant, mais personne ne le joue », s’exclame le Français.
« Ce que je veux, c’est donner l’occasion à des jeunes de jouer des morceaux qu’ils n’auront peut-être plus jamais l’occasion de jouer », confie Alain Declert, qui se définit comme le responsable du programme de l’institut Round Top plus que celui de la programmation du festival. C’est sans doute son secret pour trouver le bon équilibre entre « les bon gâteaux que tout le monde connaît » (comprenez Brahms ou Tchaïkovski) et « les morceaux moins connus ». Et s’attacher la fidélité de musiciens comme Pascal Verrot, directeur du Sendai Philharmonic Orchestra, « qui vient depuis 21 ans ».
Le public aussi revient régulièrement, faisant une heure et demi de route depuis Austin ou Houston et souvent beaucoup plus. Mais Alain Declert espère simplement « remplir notre salle de mille places », dont « la décoration n’est pas finie ». Il est passionné comme au premier jour.