Pour certains, le café fermenté, c’est la rolls du café. Un café de connaisseurs, célèbre aussi bien pour son goût que pour son mode de production surprenant. Ce café est en effet digéré par de petits fouines (les kopi luwak), élevées en batterie en Indonésie pour manger des grains de cafés. Les éleveurs récupèrent les grains dans leurs excréments, les nettoient et les torréfient pour faire un café fermenté, vendu très cher et apprécié par des initiés partout dans le monde.
Ce procédé de fermentation, Camille Delebecque a voulu le répliquer en laboratoire, sans fouines mais avec des pipettes. Le biologiste français, basé à New York, lance au mois de juin avec son associée Sophie Deterre la commercialisation de son café fermenté, Afineur. Un café haut-de-gamme qui sera vendu autour de 40 dollars le paquet, via Kickstarter pour commencer. Ensuite, Camille Delebecque aimerait pouvoir le distribuer dans les cafés et supermarchés.
“L’idée c’est de vraiment révolutionner le monde du café avec notre processus d’affinage, qui révèle une gamme de saveurs et d’arômes inédits. Les micro-organismes que l’on utilise vont grignoter et dégrader certaines molécules non désirables dans le café, comme celles responsables de l’amertume, et ajouter d’autres saveurs. Le résultat, c’est un café beaucoup plus floral et fruité, avec des arômes subtils de baies, de cerise et de chocolat”, explique cet ingénieur de 29 ans, diplômé d’AgroParisTech et qui a fait ensuite une thèse en co-tutelle à Harvard sur la fermentation. Selon lui, le café fermenté aurait non seulement un meilleur goût, mais aussi des qualités nutritionnelles supérieures, et causerait moins de maux d’estomac.
On a testé le café Afineur, préparé au filtre : du très bon café, léger, peu amer, et parfumé. Un café dont la saveur ferait presque le pont entre le café et le thé. “La fermentation est une nouvelle révolution dans le café, qui répond à un besoin de nouveaux goûts et d’arômes. C’est une nouvelle voix pour les amateurs de cafés de qualité”, poursuit Camille Delebecque, qui espère que ses paquets trouveront leur place dans les étagères des “foodies” de Manhattan et Brooklyn.
Au delà du café, les fondateurs d’Afineur veulent utiliser cette technique pour lancer d’autres gammes de produits fermentés. “Pour l’instant, je ne peux pas en dire plus”, nous raconte Camille Delebecque, qui gère, en parallèle, une structure de consulting sur les questions de bio-tech, Syn-Bio Consulting.
Si la start-up n’a pas encore réalisé de levée de fonds conséquente, Afineur a en tout cas su séduire un jury : celui du Club 600, qui lui a décerné le mois dernier le prix FAEA de l’entrepreneuriat franco-américain.