Daniel Rose n’est pas un chef comme les autres. Cet Américain de l’Illinois a quitté les Etats-Unis à 22 ans pour étudier la philosophie à Paris. Pris de passion pour la cuisine française, il est ensuite devenu chef, après avoir suivi les cours de l’Institut Paul Bocuse. En quelques années, son restaurant Spring s’est hissé dans le club des endroits les plus en vue à Paris.
Près de 20 ans après avoir quitté son pays, Daniel Rose, 38 ans, revient respirer l’air américain. Il a ouvert le 15 juin Le Coucou sur Lafayette Street, à SoHo. “C’était le moment pour de nouveaux défis. J’ai toujours été meilleur lorsque je me suis lancé des nouveaux objectifs. Je voulais aussi faire partager à ma famille une nouvelle expérience. J’ai souvent imaginé larguer les amarres avec ma famille sur un bateau pour un long voyage. Pour le moment, c’est ce qui s’en rapproche le plus : un territoire inconnu, de nouveaux horizons, avec sans doute des petites tempêtes occasionnelles, mais une vue à couper le souffle !”, confie-t-il.
Car s’il est Américain, Daniel Rose débarque presque comme un étranger dans son pays. “Je n’ai jamais habité aux Etats-Unis en tant qu’adulte. Je n’avais pas réalisé à quel point j’étais devenu français jusqu’à ce que je commence à travailler à New York !”, raconte le chef amoureux de son pays d’adoption, qui a même essayé dans sa jeunesse d’intégrer la Légion Etrangère.
Daniel Rose va tenter de refaire à New York la formule de son succès parisien : une carte française simple et de saison, et qui mise tout sur la qualité des ingrédients – chez Spring, il sert des cuisses de grenouilles, des filets de veau, du canard, de la dorade ou des mille-feuilles. A Coucou, le chef pousse son amour de la France jusqu’à écrire le nom des plats en français sur le menu. On y trouve du bar noir cuit sur ses écailles, de la langue de veau au caviar américain et un intrigant “Tout le lapin” traduit “All of the rabbit”.
A New York, Daniel Rose a passé une grande partie des dernières semaines à trouver les bons ingrédients pour élaborer ses plats. “A Paris, il est beaucoup plus facile de trouver de bons ingrédients. La supply chain est plus courte, les problèmes de qualité sont plus faciles à résoudre. Certes, il y a des produits merveilleux aux Etats-Unis, mais la France a beaucoup de chance à cet égard… J’ai aussi un réseau de fournisseurs construit depuis 10 ans en France, et que je vais devoir rebâtir aux Etats-Unis. J’adore ça !”
Pas de doute que New York sera pour lui une nouvelle source d’inspiration. De la ville, il veut capter l’énergie, la vitesse…. “Beaucoup de choses sont accessibles dans l’immédiat. New York offre plein d’avantages et de services très pratiques. Certes, ce ne sont pas des choses essentielles pour vivre, mais avoir des produits livrés dans l’heure après les avoir commandés sur son téléphone, c’est très amusant.”
Daniel Rose compte cependant revenir très régulièrement à Paris (où, en plus de Spring, il a ouvert l’année dernière un bistrot, La Bourse et la Vie). “J’ai des équipes excellentes à la fois à Paris et à New York, je suis assez chanceux de ce point de vue là. Et je suis assez enthousiasmé par l’idée de partager ces deux villes avec ma famille.” Vivre entre deux continents a du bon. “Le rythme de vie et de travail à Paris est un antidote parfait à l’expérience new-yorkaise.”