Vous avez notamment pu le voir au cinéma dans “Les brigades du tigre” en 2006, et à la télévision dans “Joséphine ange gardien” en 2007. Parti tenter sa chance à New York dans le cinéma et la production en 2010, Richaud Valls emprunte aujourd’hui une reconversion pour le moins originale.
“Je me suis retrouvé au chômage du jour au lendemain en mars quand les plateaux de tournage ont fermé à cause du Covid-19”, explique le Français de 49 ans qui a grandi à Nîmes. “Avec mon loyer exorbitant à West Village, il fallait que je retrouve vite du travail, alors j’ai commencé à faire des livraisons pour Caviar (une application de livraison de plats à domicile)”. Richaud Valls explique avoir toujours pris l’habitude de cuisiner à la maison. Il profite alors de son temps libre début avril pour se réessayer à la préparation d’une baguette, après une première tentative non fructueuse deux ans plus tôt. “C’est dur de trouver une bonne baguette à Manhattan. Je voulais arriver à un produit qui me rappelle celui de mon enfance, avec un pain bien croustillant sur l’extérieur mais léger et aéré à l’intérieur”.
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Très fier du résultat, Richaud Valls fait goûter son produit à quelques amis qui le convainquent de se lancer. L’ancien acteur commence par demander une certification de “home processor” fin avril auprès du Département de l’agriculture de l’État de New York, qui lui permet légalement de vendre de la nourriture préparée chez lui. Il propose ensuite ses baguettes en livraison sur l’application Nextdoor, un réseau social entre voisins. Le succès est immédiat. “Je faisais une vingtaine de baguettes par jour dans mon petit four, puis je prenais mon vélo pour aller les livrer encore toutes chaudes en tablier dans le voisinage”, explique le presque quinquagénaire. “Il y a eu beaucoup de bouche-à-oreille. Les gens ont commencé à me reconnaître et à me donner le surnom de “bread-man””, s’amuse Richaud Valls.
L’acteur en reconversion crée alors une page Instagram, richaud_valls, et un groupe WhatsApp (+1 347 335 5400), sur lequel les New Yorkais peuvent passer leur commande. Les demandes arrivent désormais de l’Upper West Side et de Brooklyn. Coup de chance, Richaud Valls a rencontré quelques semaines plus tôt William Jousset, un autre acteur au chômage qui fait lui aussi des livraisons pour Caviar. “Il venait juste de tourner dans la série FBI où il avait un bon rôle, mais l’épisode a été annulé. On a discuté et je sais qu’il a un super vélo électrique. On a décidé que je m’occuperai des livraisons dans le quartier, et que lui ferait les plus longues distances”.
Les deux compères font face à une augmentation de la demande, mais Richaud Valls ne peut pas suivre en cuisine, car son petit four ne peut cuire que deux ou trois baguettes à la fois. “Je racontais cette histoire à des amis début juin à la terrasse du Turks & Frogs à West Village, quand le patron du bar est venu me voir. Il m’a dit qu’il m’avait écouté et qu’il avait un four professionnel à me proposer. Le lendemain il me donnait les clés de son local”. L’ancien acteur, sans aucune expérience en boulangerie, se retrouve alors aux commandes d’une cuisine professionnelle. Il doit sourcer des distributeurs, apprendre à travailler avec de nouvelles matières premières et gérer une production florissante. “Je produis maintenant une centaine de baguettes par jour que je vends au tarif de 12$ les deux, livraison incluse”, explique Richaud Valls. “Je reverse aussi un pourcentage de mes ventes au bar, et je paie William”.
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La success-story originale du Français a attiré l’oeil de la presse américaine. Forbes lui a consacré un article le 11 juin qui a encore plus fait décoller ses ventes. Et puisque les bonnes nouvelles s’enchaînent, l’ancien acteur a annoncé le 1er juillet une collaboration avec le restaurant Benoît d’Alain Ducasse. “C’est grâce à Antoine Gournac-Poli, le directeur des opérations internationales de Ducasse, qui m’a contacté après avoir vu l’article”, raconte Richaud Valls. “J’ai ensuite fait des tests de baguette avec la chef de Benoît, Laëtitia Rouabah, avant d’obtenir le feu vert du grand Alain Ducasse pour fournir mes baguettes au restaurant!”.
De son aventure folle, Richaud Valls retient les rencontres et les liens qu’il a tissés dans cette période difficile. “Le confinement a été compliqué à vivre pour tout le monde. J’ai senti que les gens qui commandaient avaient besoin de discuter, de pouvoir échanger. J’ai d’ailleurs fait des rencontres qui vont aujourd’hui au delà de la simple livraison de pain”. Grâce au buzz qu’il a suscité sur internet, le nouveau spécialiste de la baguette avoue avoir été contacté par de nombreux entrepreneurs opportunistes. “J’ai refusé toutes les propositions qui voulaient surfer sur mon nom et sur mon histoire. Je ne veux pas prendre les gens pour des cons”, lâche Richaud Valls, qui étudie la possibilité d’ouvrir un café de quartier qui proposerait des sandwiches en plus des baguettes. “L’objectif ce n’est pas le course au pognon, c’est de créer quelque chose de local qui créé du lien et avec des produits sains”.
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