La nouvelle a fait l’effet d’une bombe: le 1er août dernier, Marco Senghor, propriétaire du restaurant sénégalais Bissap Baobab, est arrêté, accusé d’avoir obtenu sa citoyenneté américaine illégalement.
Remis en liberté le lendemain contre une caution de 50.000 dollars, Marco Senghor annonce sur son compte Facebook qu’il va plaider non-coupable. Son avocat, Jeffrey Bornstein, s’est refusé à tout commentaire, mais affirme par communiqué que “Marco Senghor, naturalisé américain, incarne le rêve américain. Après près de 30 ans aux Etats-Unis, il est un restaurateur très respecté à San Francisco et Oakland, et une figure de la communauté locale. Nous allons contester vigoureusement les charges qui pèsent sur lui.”
Arrivé aux Etats-Unis en 1989, Marco Senghor est le fils d’un diplomate franco-sénégalais et d’une mère française. Il fait partie de la famille de Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal de 1960 à 1980, poète chantre de la négritude, et académicien.
Marco Senghor est toujours resté discret sur sa célèbre lignée, s’essayant dans le commerce du jus de gingembre à son arrivée à San Francisco. En 1996, il lance un restaurant sénégalais, baptisé Bissap Baobab, dans le quartier de Mission. On y croise les amoureux de culture et de musique africaine, de nombreux francophones, mais aussi des célébrités comme Michael Franti qui a enregistré “Live at the Baobab” en 2000, ou les acteurs de “Sorry to bother you”, sorti en salles cet été et dont une scène se passe au Baobab d’Oakland.
En 2017, Senghor devient propriétaire du Bissap Baobab de San Francisco, alors que son bail était sur le point d’expirer.
Son arrestation intervient précisément un mois après l’annonce par l’administration Trump de la création d’une task force qui vise à dénaturaliser les citoyens naturalisés qui auraient obtenu leur nationalité américaine illégalement. Pour l’avocat de Marco Senghor, “il fait l’objet d’une attaque ciblée destinée aux membres de notre communauté les plus actifs“. Une levée de fonds est organisée pour couvrir les frais de la procédure, et une pétition pour demander l’abandon des charges contre le restaurateur a déjà récolté près de 1.500 signatures.